Après la ratification par le Parlement du plan de rigueur exigé par l'Eurogroupe en Grèce, l'agenda troïka-Grèce continue de se dérouler. D'un côté, les coupes liées à la réduction des déficits, de l'autre, l'effacement de la dette par les banques. En attendant, le PIB continue de se contracter.
Après la ratification du plan de rigueur grec par le gouvernement et le parlement, et la révolte qui s'en est suivie, le supplice de la Grèce n'est pas fini. Alors que mardi 14 février on apprenait une contraction de 7% du PIB, le programme héllène, cette semaine, se révèle bien chargé.
Le gouvernement doit trouver encore 325 millions d'euros pour boucler son plan d'austérité. De plus, Georges Papandréou et Antonis Samaras, respectivement dirigeants du PASOK (gauche) et de Nouvelle démocratie (droite), doivent donner des gages à l'Eurogroupe, qui réunit les ministres des finances de la zone euro. Ils doivent s'engager par écrit à réaliser ce plan d'austérité après les élections législatives d'avril 2012.
Ces conditions réunies, l'Eurogroupe devait décider mercredi du déblocage des fonds d'aide à la Grèce. Mardi soir, coup de théâtre: Jean Claude Junker, président de l'Eurogroupe, affirme que "les conditions ne sont pas encore réunies" et reporte la réunion qui devait valider le plan d'austérité grec à une date ultérieure."Il semble que de nouveaux travaux techniques doivent encore être réalisés entre la Grèce et la troïka", poursuit-t-il.
Jean Claude Juncker a donc remplacé la réunion qui devait se tenir mercredi à Bruxelles par une simple réunion téléphonique. La pression monte sur la Grèce, car elle doit, le 20 mars, rembourser 14,5 milliards d'euros. Si les fonds ne sont pas débloqués, le pays fera défaut.
Si toutefois les Grecs en voient la couleur, le plan d'aide à la Grèce devrait s'élever à 130 milliards d'euros: 100 milliards d'euros iront directement à l'Etat grec, et 30 milliards d'euros iront aux banques de la zone euro. En contrepartie, celles ci doivent passer l'éponge sur 100 milliards d'euros de la dette grecque.
L'effacement de la dette grecque, c'est quoi?
Les banques de la zone euro rendront à l'Etat grec les titres de la dette qu'elles possèdent. En échange, elles recevront d'autres titres, valant la moitié de la somme qu'elles possédaient. Ainsi, les investisseurs perdent 50% de leur part de la dette.
Pourquoi les investisseurs grecs perdront-ils plus de 50% de la valeur de leurs obligations?
Le taux de ce nouveau titre est à 3,5%, un peu inférieur au taux auquel l'emprunt avait été contracté initialement. De plus, la dette court sur trente ans : l'immobilisation plus longue de leur argent représente, aux yeux des investisseurs, des pertes potentielles.
Les banques grecques sont elles obligées d'accepter ce marché?
En théorie, cette opération est fondée sur le volontariat. Mais si les détenteurs de la dette refusent de s'exécuter, ils risquent de tout perdre. L'opération sera considérée comme un succès par l'Eurogroupe si 90% des détenteurs de la dette grecque (banques, assurances, fonds de pension) y participent.
La zone euro est-elle la seule à devoir aider la Grèce?
Le FMI et la BCE restent flous sur l'aide à laquelle ils s'étaient engagés.
Y a-t-il déjà eu ce genre d'opération dans l'histoire?
Il s'agit du plus gros effacement de dette depuis le défaut de l'Argentine en 2001. Le pays avait bénéficié d'un effacement de 73 milliards d'euros.
Par ailleurs, la Grèce a émis 1,3 milliard d'euros d'obligations que l'Etat grec remboursera au bout de trois mois. Les marchés ne veulent plus prêter d'argent à la Grèce, c'est donc sa seule manière de se financer.
Elsa Sabado