Quatrième et ultime jour du procès de Mohamed El Amri ce jeudi. L'homme de 34 ans a été reconnu coupable de double meurtre, de deux tentatives d'homicide et de menaces de mort. Il écope de 30 ans de réclusion criminelle.
Les visages de l’assistance sont restés fermés, jeudi, pour le dernier acte du procès de Mohamed El Amri, jugé depuis lundi par la cour d’assises du Bas-Rhin, à Strasbourg. L’homme de 34 ans était accusé du meurtre de sa femme et de son nouveau-né, et de deux tentatives d’homicide, à l’encontre de son beau-fils et d’un policier.
Double meurtre de #Lingolsheim : 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué sa femme et son bébé #dnainfos #Strasbourg
— Antoine Bonin (@abonin_DNA) February 1, 2018
#justice L'avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Mohamed El Amri, pour double meurtre, double tentative d'homicide, ainsi que pour menaces de mort. #assises #Lingolsheim
— Webex (@Webex7) February 1, 2018
« Je n’ai pas l’art des phrases chocs, des titres de journaux », s’est excusée l’avocate générale Valérie Iltis au début de son réquisitoire. La représentante du ministère public a commencé par détailler les faits dont fait l’objet M. El Amri, un dossier qu’elle « connaît bien ». Reprenant point par point les chefs d’accusation, Valérie Iltis a insisté sur le caractère sanglant de la scène de crime : un véritable « carnage », selon elle. Un mot fort dont elle n’a pas hésité à donner la définition, soit « un massacre sanglant et violent », détails sordides à l’appui.
« Un individu malade mais responsable »
Pour l’avocate générale, cela ne fait pas de doute, M. El Amri, était bel et bien en possession de son libre-arbitre quand il a tué. Elle réfute la thèse de la folie comme seule excuse et fustige l’attitude de l’accusé tout au long de son procès : « Il a fait le choix de garder le silence, un choix lâche », déclare-t-elle. Mohamed El Amri est quant à lui demeuré impassible, mains liées posées sur le visage, le regard dans le vide, inexpressif. Valérie Iltis a reconnu la schizophrénie de l’accusé mais pas son absence totale de discernement. « Ce sont des actes perpétrés par un individu malade mais pas irresponsable. L’altération du discernement est la seule circonstance atténuante. » Le parquet a requis 30 ans de réclusion criminelle pour double meurtre, double tentative d’homicide et menaces de mort proférées à l’encontre de policiers, assorti d’un suivi socio-judiciaire d’une durée indéterminée avec injonction de soins.
Du côté de la défense, Me Gsell, l’avocat de l’accusé, s’est d’abord adressé au banc des parties civiles, dos à la barre, pour leur exprimer sa compensation. Après quoi il a déclaré que son client n’était pas un terroriste mais un « malade qui s’ignore ». « J’ai la certitude qu’on se trompe d’adresse en étant ici, dans cette enceinte », plaide-t-il. Pour lui, la place de Mohamed El Amri est dans un hôpital psychiatrique et certainement pas dans une prison. Son cas devrait donc, selon lui, être confié à des médecins, des spécialistes, et non à des magistrats. « Je demande à la cour d’essayer de prendre un minimum de recul. Même si ce n’est pas évident. Je vous demande de bien vouloir déclarer la cour incompétente pour traiter le cas de M. El Amri », a-t-il supplié en direction des jurés.
Mohamed El Amri, fidèle à lui-même, n’a pas souhaité s’exprimer. Il a finalement été condamné à 30 ans de réclusion criminelle dont 20 de sûreté, accompagnés d'un suivi socio-judiciare pendant 20 ans. L'homme a aussi interdiction de rentrer en contact avec les parties civiles. « Je suis contente pour Johanna, pour le bébé, pour José [le fils de Johanna], pour le policier. Il n'a que ce qu'il mérite. Au début j'ai eu de la pitié pour lui, puis du dégoût ; il n'a montré aucun signe de regret pendant le procès, aucune larme, rien», a expliqué Geneviève, la mère de Johanna Barth, soulagée par ce verdict.
Camille Langlade