Deux hommes ont été présentés, ce mercredi 22 février, au tribunal correctionnel de Strasbourg en comparution immédiate dans l'affaire de l'incendie d'une école de la Meinau. Les prévenus ont obtenu un renvoi, mais l'audience a permis d'en savoir plus sur les suspects.
L'un arrive visage fermé, début de calvitie et lunettes épaisses. L'autre a l'air hagard, un peu confus et fatigué. Les deux prévenus sont arrivés avant le tribunal. Dans le box, ils attendent l'arrivée des magistrats.
Les deux jeunes de la Meinau, 20 et 22 ans, sont accusés d'être impliqués dans l'incendie de l'école maternelle de la Canardière. Le samedi 18 février, une annexe de l'établissement accueillant les siestes des enfants est partie en fumée. Les suspects ont été interpellés le lundi suivant et placés en garde à vue.
275 000 euros de préjudice
Le tribunal détaille les faits et énonce les charges qui pèsent contre les deux Strasbourgeois. Outre l'incendie volontaire de l'école, ils sont suspectés d'avoir passé leur après-midi du samedi à jeter des pierres sur des bus municipaux. Le soir, ils seraient ensuite entrés par effraction dans l'école "avec plusieurs complices", selon la présidente du tribunal, afin de voler du matériel. Mais "face au manque d'objets à dérober", le plus âgé des deux est accusé d'avoir, par frustration, mis le feu au bâtiment. Le préjudice est estimé à 275 000 euros, "pour l'instant", précise la présidente du tribunal.
La première question est alors posée aux deux jeunes par le tribunal: "Souhaitez-vous le renvoi de votre procès ?" comme permis dans les cas de comparution immédiate. Le prévenu au visage fermé, âgé de 22 ans, veut un renvoi. Son camarade, de deux ans son cadet, veut être jugé le jour-même.
Pour la procureure, la question du renvoi n'est pas à discuter, "les prévenus y ont droit". Mais elle insiste sur la nécessité de juger les deux jeunes ensemble. En attendant, elle préconisent la détention provisoire. "Dû à l'extrême lourdeur des charges" dans une affaire "qui a ému toute la communauté strasbourgeoise", la magistrate estime "impensable de laisser ces individus rentrer chez eux". Une demande insensée pour l'avocate du plus jeune qui rappelle "que les faits d'incendie de l'école ne lui sont pas reprochés".
Des séjours en hôpital psychiatrique
Les profils des deux suspects se dessinent au fur et à mesure des réquisitoires. Le prévenu de 22 ans est en situation de récidive. Il a déjà été condamné plusieurs fois pour des faits à peu près similaires de dégradations. "Sa qualité d'handicapé" a été reconnue par un suivi psychologique lors d'une autre affaire, rappelle son avocate. Grâce au renvoi, elle souhaite une "expertise psychiatrique, pour savoir si oui ou non il peut bénéficier" des aménagements prévus dans ce cas.
Inconnu des services de police, son camarade sort d'un séjour en hôpital psychiatrique. Il est décrit par la défense comme "fragile" et "n'ayant pas su dire non". L'avocate insiste sur son passé "conforme à ce que l'on attend d'un jeune homme, n'ayant jamais commis d'infraction".
Les deux prévenus seront finalement jugés un mois plus tard, le 23 mars. L'aîné, accusé d'avoir provoqué l'incendie, est reparti menotté, placé en détention provisoire avec mandat de dépôt. L'autre repart libre, mais devra s'acquitter d'un contrôle judiciaire deux fois par semaine, au commissariat. Le tribunal a demandé qu'une expertise psychiatrique soit réalisée pour les deux.
Guilhem Dubernet