Candidate à la Maison Blanche depuis avril. L'ex première dame des Etats-Unis, grande favorite à l'investiture démocrate chute dans les sondages. Si elle reste en tête de course pour la primaire, elle n'arrive pas à fédérer les électeurs. Retour sur les trois raisons du désamour.
1# L'EMAILGATE
"C'était une erreur, je suis désolée, ce n'était pas très malin". Ses excuses sont arrivées hier soir. Sur la chaîne ABC news et lors d'une conférence de presse, Hillary Clinton a regretté n'avoir jamais utilisé son adresse mail gouvernementale pour correspondre, alors qu'elle était à la tête de la diplomatie américaine. Pendant quatre ans, elle a préféré utiliser son adresse personnelle, [email protected], plutôt que l'adresse officielle. Pour Thomas Snegaroff, spécialiste des relations internationales et auteur du livre "Bill et Hillary Clinton le mariage de l'amour et du pouvoir", le méa-culpa de la démocrate est un peu mince, "cette légéreté peut donner l'impression qu'elle n'est pas à la hauteur de la fonction présidentielle".
Il a fallu cinq mois pour que le ministère de la justice obtienne le disque dur du serveur situé au domicile de la secrétaire d'Etat. L'équipe d'Hillary Clinton en avait effacé le contenu fin 2014, après avoir transmis aux enquêteurs un fichier présenté comme contenant l'intégralité des courriels y figurant. Parmi les 63 320 mails reçus entre 2009 et 2013, plusieurs étaient classés "top secret". Derrière cette affaire se cache une autre polémique. Parmi les mails supprimés, certains auraient pu contenir des informations sur l'attentat de Benghazi, en 2012. Les adversaires républicains d'Hillary Clinton la soupçonnent d'avoir caché des informations relatives à la mort de l'ambassadeur a
méricain en Libye. La diplomatie américaine, dont Clinton était la chef à l'époque, avait été accusée d'avoir tardé à reconnaître qu'il s'agissait d'un acte terroriste et d'avoir négligé la sécurité sur place. "Cette histoire donne l'impression que les Clinton sont perpetuellement au-dessus des lois, et cela augmente encore plus la défiance des élécteurs vis à vis d'Hillary", confie Thomas Snegaroff.
L'impopularité croissante d'Hillary Clinton. Source : http://elections.huffingtonpost.com/pollster/hillary-clinton-favorable-r...
2# L'ARGENT, UN SUJET SENSIBLE
C'est un livre qui a mis le feu aux poudres. Sorti en 2014, Le Cash des Clinton de Peter Scheiwer, interroge les liens entre la famille et les donateurs de sa fondation, la Clinton Fondation. Organisation à but non lucratif fondée par l'ancien président Bill Clinton, elle permet à la famille d'entretenir des relations avec un large réseau de grands patrons, responsables politiques et philantropes milliardaires du monde entier. Dans ce livre, Hillary Clinton est notamment soupçonnée d'avoir utilisé sa position de secrétaire d'Etat pour obtenir des dons. S'il balaie les accusations, Bill Clinton aurait toute de même reçu 26 millions de dollars pour des discours tenus à l'invitation de quelques gros donateurs de la Fondation Clinton. Une somme équivalente au quart des rémunérations de l'ancien président entre 2001 et 2013.
Sur la question de leurs revenus, le couple Clinton n'est pas très à l'aise non plus. Interrogée à propos du salaire de son mari sur la chaîne ABC news, Hillary Clinton déclarera avoir rencontré des difficultés financières. "Quand nous avons quitté la Maison Blanche nous étions non seulement sur la paille, mais endettés". Une déclaration restée en travers de la gorge de beaucoup d'Américains.
A partir de 00:31 secondes : "Nous n'avions pas d'argent quand nous y sommes rentrés et il a fallu se battre pour trouver les ressources nécessaires pour rembourser les crédits sur nos maisons et l'éducation de Chelsea. Bill a travaillé dur, c'est incroyable. Nous avons remboursé nos dettes et nous avons dû gagner le double d'argent à cause, bien évidemment, des impôts."
3# UNE CANDIDATE DÉBORDÉE SUR SA GAUCHE
A 74 ans, Bernie Sanders, principal adversaire d'Hillary Clinton aux primaires démocrates, ringardise l'ex première dame. Accueilli comme une vraie rock star lors de ses meetings, Sanders bouscule la campagne.
Dès le départ, Hillary Clinton n'a pas pu maitriser son timing. Face à la lassitude des américains sur le faux suspens de sa candidature à l'investiture, Hillary Clinton avait été poussée à lancer sa campagne dès avril. Même si elle est assurée de l'emporter face à l'actuel sénateur du Vermont, le culte du secret, le manque de proximité et l'omniprésence de la famille Clinton fatiguent. Les affaires successives ont réveillé l'idée que les Clinton ne sont pas des gens honnêtes."On est dans un contexte d'énorme défiance vis-à-vis des insiders -des politiques dans le système politique depuis longtemps-, Hillary Clinton a été sénatrice, femme de président, secrétaire d'Etat, les américains veulent de nouvelles têtes", analyse Thomas Snegaroff. Avec son discours de gauche, Bernie Sanders séduit une partie de l'éléctorat. Pour Thomas Snegaroof, Hillary est trop occupée à nager à contre courant, "elle doit se chercher un nouveau discours, mais comment incarner l'avenir alors qu'on représente le passé politique du pays?"
Bernie Sanders lors d'un meeting. Crédit photo : Flickr
Aurelie sipos