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La statue de Johannes Gutenberg surplombe la place qui porte son nom au cœur de la Grande-Île de Strasbourg.
Crédit photo :  Kévin Brancaleoni / Cuej

À partir du 3 février, la capitale alsacienne consacre une année de commémorations à l'inventeur allemand. Une célébration qui a un goût particulier dans cette ville où plus de 2500 personnes travaillent dans les métiers du livre.

Gutenberg n’est pas qu’un parking strasbourgeois ! Cet Allemand du XVe siècle est à l’origine d’une des plus importantes inventions de l’histoire : l’imprimerie. Une création qui doit beaucoup à la capitale alsacienne, où vécut ce Mayençais d’origine pendant une période d’exil. La légende prétend que c’est en observant un pressoir à vin alsacien que Gutenberg commença à concevoir son invention. Ce qui est certain, c’est qu’il étudia à Strasbourg l’orfèvrerie qui devait, après son retour dans sa région natale, l’aider à mettre au point les premiers caractères en plomb.

Ce passage est la raison pour laquelle deux villes se disputent la paternité de l’imprimerie. Ou plutôt se disputaient, selon le maire de Strasbourg Roland Ries, qui affirme que « la compétition entre Strasbourg et Mayence n’existe plus ». Ainsi, la ville a suspendu sa candidature à l'Unesco pour un énième titre de «capitale», après Noël, l'amour, l'Europe... cette fois celle du livre. Signe de l’apaisement, le maire se rendra à Mayence, le 28 février, pour célébrer les 550 ans de la mort de Gutenberg en compagnie de son homologue allemand.

À Strasbourg, l’année Gutenberg, organisée par la Ville et l’Eurométropole en partenariat avec l’Espace Européen Gutenberg (EEG), débutera ce samedi 3 février (date traditionnellement admise de la mort de l’imprimeur) par une série d’événements à la BNU et une exposition à la médiathèque Malraux. S'en suivront douze mois ponctués d'animations, parfois traditionnelles comme la Fête des imprimeurs organisée par l’EEG, ou plus insolites comme la découverte des anciennes imprimeries en réalité augmentée.

Cette année spéciale n’est pas une première. Le 25 juin 1840, les Fêtes de Gutenberg avaient rassemblé pas moins de 40 chars représentants les différentes professions de la ville pour une procession qui s’était conclue par l’installation de la statue de l’imprimeur sur la place qui porte son nom. L’événement avait été immortalisé avec les techniques de l’époque : des gravures, colorisées et rassemblées dans d’immenses rouleaux de 25 m de long.

L’un des rouleaux représentant les Fêtes de Gutenberg du 18 juin 1840. La médiathèque André Malraux en comporte deux dans ses réserves.
Crédit photo : Kévin Brancaleoni / Cuej

Que Gutenberg ait inventé l’imprimerie à Strasbourg ou pas, son invention a eu un impact important sur la capitale alsacienne. Dès le début du XVIe siècle, elle comptait une vingtaine d’imprimeurs ; aujourd’hui, selon Robert Herrmann, président de l’Eurométropole, les métiers du livre représentent toujours plus de 135 entreprises et 2500 salariés dans le secteur. La ville est renommée pour ses bibliothèques, malgré la destruction d’une grande partie de son fond d’incunables (livres imprimés avant le XVIe siècle) lors de l’incendie de la bibliothèque en août 1870. Roland Ries évoque même un élément « identitaire » de la vie strasbourgeoise. Au point que la Ville réfléchit à la proposition de l’EEG, qui souhaite créer un Conservatoire et des ateliers de l’imprimerie et des arts graphiques, pour que l’empreinte de Gutenberg s’imprime encore davantage à Strasbourg.

Kévin Brancaleoni