Lundi 26 février, 20h, le thermomètre indique -5°C à Strasbourg. Ces derniers jours, le vent glacial rend les nuits encore plus difficiles pour les SDF. A l’intérieur du gymnase mis à disposition par la Ville à la demande de la préfecture, une dizaine de personnes sont déjà attablées. Toutes bénéficient de couvertures et d’un repas, remis par les six membres de la protection civile présents. Quelques enfants jouent avec des ballons distribués à leur arrivée.
« 90 lits de camp sont disponibles et, en cas d’urgence, on peut monter à 95 », explique Pascal Mutzig, directeur départemental opérationnel de la protection civile.
Pour pouvoir profiter de la chaleur que procure le gymnase, les SDF ont été orientés par le 115. « Actuellement, nous recevons autour de 400 appels par jour, indique Sophie Oberlin, directrice du 115 dans le Bas-Rhin. Normalement on n’accepte pas les personnes qui se présentent sans appeler. Mais là ce sont des circonstances exceptionnelles : il fait froid, donc on va héberger toutes les personnes qui arrivent, inscrites ou pas sur la liste, tant qu’il reste des lits. » Au gymnase, les personnes ont la garantie de pouvoir passer trois nuits consécutives au chaud. Toutefois « on garde une marge de 20-30 personnes pour les gens qui vont être en difficulté demain et qui ne l’étaient pas forcément aujourd’hui », assure Sophie Oberlin.
« Où vont aller tous ces gens quand le gymnase fermera ? »
Il est 21h30, le calme règne au gymnase. Pendant que certains essaient de trouver le sommeil ou de joindre leurs proches au téléphone, d’autres discutent autour d’un café ou d’une soupe. Michaela Schuller vient de Roumanie. Elle est soulagée de dormir au chaud après de longues nuits difficiles place de l’Etoile. « Avec mon mari, cela fait un mois que nous sommes à Strasbourg. Les conditions sont très difficiles. Nous sommes tous deux tombés malades. » René, 63 ans, à la rue depuis six mois, s’interroge : « Où vont aller tous ces gens quand le gymnase fermera ? Ils vont retourner à la rue… Pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas le maintenir ouvert tout l’hiver et pas seulement lors des pics de froid ? »
« On calibre le nombre de places en fonction des besoins. En temps normal, on a 7000 places disponibles dans le Bas-Rhin. Cet hiver, on a ouvert 444 places supplémentaires », explique Corinne Gautherin, directrice départementale de la cohésion sociale.
A 22h40, alors que les lumières s’éteignent progressivement, des lits sont toujours vacants : « Des personnes inscrites ne viennent pas mais il y a des maraudes pendant la nuit pour rapatrier les sans-abri qui sont encore dehors. Cela permet de compenser ces absences », reprend la directrice départementale de la cohésion sociale.
Timothée Loubière et Margaux Tertre