Philippe Arino court les conférences et débats pour répandre sa parole. (CUEJ/L.A)
« Ça, c'est une affluence d'été ! », se réjouit le frère Marie Augustin. Une quarantaine de personnes s'est réunie mardi 5 février pour assister au déjeuner-débat organisé par l'aumônerie des grandes écoles de Strasbourg. Pour le frère, l'affluence s'explique par le thème d'actualité de la rencontre : l'homosexualité. Mais c'est aussi grâce à l'invité, Philippe Arino. Ce professeur d'espagnol, opposé au mariage pour tous, homosexuel, catholique et abstinent, a publié en octobre dernier L'homosexualité en vérité (Frédéric Aimard). Il y est question de désir homosexuel, et du discours de l'Église catholique sur la question. « C'est un succès éditorial, 6000 exemplaires ont été vendus ! » se félicite l'auteur. Il se targue aussi d'avoir participé à l'émission « Dieu merci » sur Direct 8 « qui a fait le deuxième meilleur audimat de son histoire » ajoute-t-il l'air de rien. S'il est là aujourd'hui, « c'est pour parler d'homosexualité et offrir (son) témoignage. C'est un sujet d'actualité, mais personne ne sait vraiment ce que c'est ».
Abstinent pour Jésus
Alors que les dominicains en blanc s'activent à installer chaises et tables, l'auteur tient à revenir sur son enfance. « J'étais la grande tapette. En maternelle, j'ai choisi comme symbole la pâquerette ! » Grands éclats de rire dans l’assistance. « J'ai su que j'étais homosexuel à 10 ans. À 17, je l'ai avoué à quelques proches. À 21, j'ai enfin fait mon coming out. » Il s'en va ensuite à Paris où il « sort avec une dizaine d'hommes. Je vous rassure, pas tous en même temps ! » Le public, hilare, est conquis par les plaisanteries de l'auteur qui redouble d'efforts avant de reprendre un air grave : « C'était sincère, mais pas vrai. J'étais à côté de ce que je voulais vivre. » Philippe Arino pointe l'instabilité des relations gay qu'il assure avoir observées :« Ça vient de la structure conjugale homosexuelle. Elle est construite sur du sable, car elle rejette la différence des sexes qui fonde le réel. Je ne pouvais pas être prêtre, car je n'acceptais pas la différence homme-femme. Du coup, j'ai fait un choix radical. » Depuis janvier 2011, le professeur de 32 ans se prive de sexe, de masturbation et de porno. D'après ses dires, « l’amitié désintéressée des hommes » et « l'abstinence pour Jésus » lui permettraient de mieux vivre son homosexualité.
Le débat a réuni une quarantaine de personnes dans le couvent des dominicains. (CUEJ/L.A)
Un enfant de Dieu
« Nait-on homosexuel ? Le devient-on ? » C'est un public captivé qui pose ces questions. Philippe Arino tient à son explication : « J'ai un frère, et lui, il aime les filles. Ce n'est pas dans les gènes. Mais moi, je ne me définis pas comme homosexuel, mais comme un homme, enfant de Dieu ». Quand un jeune lui demande de rappeler le discours de l'Église catholique sur l'homosexualité, l’essayiste esquive en lâchant un rire.
Philippe Arino voit en l'homosexualité une réaction à des maux qu'il énumère : « C'est parce que l'on vit une dictature à l'école, que l'on déteste son corps, que l'on n'a pas d'amis. Ça ne tombe pas du ciel. » Il ajoute : « Elle est un signe de fracture sociale importante entre l'homme et la femme ; entre les hommes et Dieu. Elle nie l'altérité des genres. Aujourd'hui, on dit que l'amour n'est pas qu'une question des différences des sexes. C'est un mensonge. » C'est cette différence, niée dans le projet de loi du gouvernement selon lui, qui l'a poussé à réagir. « Cela ne reconnaît pas le réel, un homme et une femme. Un pays qui s'éloigne du réel peut devenir une dictature », s'emporte-t-il.
Mère Thérésa 2.0
Philippe Arino s'apprête à répandre sa parole via ses conférences en Alsace, mais aussi à Paris pour faire la promotion de son livre. L'enseignant a pris une année de disponibilité pour s'y consacrer. Il s'est même essayé à la chanson. Dans son titre « C'est bien gentil ! », dont la vidéo a été mise en ligne sur son blog, il appelle à fréquenter la messe. Une prochaine chanson est dans les tuyaux. « On évangélise par les images et les chansons, et c'est ce que je veux faire. Annoncer que Jésus aime chacun d'entre nous. Mère Thérésa a distribué dans sa vie 20 000 médailles miraculeuses », dit-il, des étoiles dans les yeux.
Lisa Agostini