Le 26 septembre au tribunal de Strasbourg, un homme de 53 ans a été condamné à trois mois de sursis probatoire pour avoir enfreint les règles de sa peine en semi-liberté.
Le tribunal de Strasbourg jugeait ce 26 septembre un homme qui n'a pas respecté les conditions de sa semi-liberté. Photo : Fanny Lardillier
Hagard, les yeux plongés dans le vide, vêtu d’un t-shirt terne Chicago Bulls, Olivier L., 53 ans, attend dans le box son jugement. Alors qu’il était attendu au centre de semi-liberté de Souffelweyersheim lundi 23 septembre à 16 h, il n’est rentré que le lendemain à 00 h 45.
Condamné en 2017 pour vol avec destruction et dégradation, il avait écopé d’une peine de prison avec sursis qui avait été révoquée. Il s’est vu accorder par le juge des libertés et de la détention un régime de semi-liberté en juin dernier, l’autorisant à sortir entre 9 h et 16 h.
Des circonstances floues
Ce lundi 23 septembre, "je suis allé voir mon médecin et j'ai pris quelques Lexomil", avance Olivier L. comme première explication à la présidente, Isabelle Karolak. Il se serait alors endormi et ne se souviendrait de rien d’autre. "Je suis un traitement", ajoute-t-il, tête baissée, admettant qu’il est addict au Subutex. Un médicament habituellement utilisé dans le cadre du sevrage des drogues dures.
"Ce qui m’étonne, c’est que vous n’avez pas du tout parlé de votre père", lance la présidente, qui tente tant bien que mal d’éclaircir l’affaire à l’aide des déclarations faites en garde à vue. "Ah oui, c’est vrai". L’air d’avoir oublié, le prévenu précise qu’entre le passage chez le médecin et la prise de sept Lexomil, il est allé voir son père de 94 ans duquel il s’est rapproché depuis le décès de sa mère. "On n’était pas trop aimé de la famille, mon père et moi. Il m’a ouvert la porte". Le dossier reste flou. L’avocate d’Olivier L., Me Victoria Fontaine, confirme que son client s’est bien rendu chez son médecin lundi 23 septembre.
De cette affaire, le procureur de la République Gilles Bourdier retient la fébrilité du prévenu, ses excuses réitérées à plusieurs reprises et sa situation difficile. Il est atteint d'une maladie cardiaque, sans domicile fixe, il ne travaille plus depuis 25 ans et survit grâce au RSA. Son casier judiciaire fait aussi état de deux courtes peines, pour des faits de vols. Le procureur de la République le prévient quand même : "C’est exceptionnel de pouvoir sortir" dans le cadre d’une peine.
Le tribunal a finalement décidé de le condamner à trois mois de prison avec sursis probatoire pendant 24 mois, avec obligation de soins. Il devra se rendre à un premier contrôle au service pénitentiaire d'insertion et de probation le 18 octobre.
Kenza Lalouni
Édité par Élodie Niclass