Mercredi 14 septembre, deux individus ont été jugés pour un vol de smartphone commis à la gare de Strasbourg en juillet dernier. Le tribunal les a condamnés à 8 et 5 mois de prison ferme, malgré leurs tentatives de dédouanement réciproques.
La peine est assortie d'une obligation pour les voleurs de verser 200 euros pour le préjudice moral causé à la victime. Photo illustration / Unsplash
« La vérité change à chaque fois qu’on vous interroge. » Le président du tribunal de Strasbourg poursuit l’audience de manière caustique. Et pour cause, les deux hommes présents dans le box à sa droite tentent tant bien que mal de modifier leur version face aux faits qui leur sont reprochés. Fin juillet, les deux prévenus errent autour de la gare et aperçoivent un homme venu recharger son téléphone à proximité d’un distributeur. Ce dernier finit par s’endormir et voit son téléphone subtilisé par le duo de voleurs. À l’audience, ils s’imputent tous les deux le délit reproché. Problème : les images de vidéosurveillance du site mettent en exergue la complicité dont ils auraient fait preuve pour dérober le bien. L’un des avocats de la défense tempère cependant la portée des images, en indiquant que « la police a avoué ne pas reconnaître clairement les visages, mais s’est simplement basée sur des vêtements ressemblants ».
Deux casiers judiciaires très fournis
Les deux hommes partagent un point commun : ils s’enlisent depuis plusieurs années dans une série de délits et sont coutumiers de vols en tout genre. L’un d’eux est également inscrit au fichier des auteurs des infractions à caractère sexuel, tandis que l’autre a été inculpé à plusieurs reprises pour trafic de stupéfiants et vol avec armes. Au total, ils cumulent 34 mentions au casier judiciaire, un chiffre qui « ne laisse pas entrevoir de perspectives de réinsertion », pointe le procureur de la République.
« Un discernement altéré » selon la défense
La mention du passé compliqué des mis en cause a fait partie de la stratégie de la défense. Dépendance à la drogue, sans domicile fixe, addiction à l’alcool, ou deuil familial, autant de facteurs qui peuvent expliquer la récurrence des infractions commises par les deux hommes. « Je connais mon client depuis une dizaine d’années et j’ai toujours constaté chez lui un problème avec l’alcool », déplore une avocate, sans nier le fait « que sa condamnation est certaine, malgré son discernement altéré ». Sa consoeur elle, a mis l’accent sur la solitude dont souffre son client : « Il a le malheur de traîner dans les rues sans être occupé. À part son médecin, ses rencontres se limitent aux gens qu’il croise dans la rue. » Ces interventions n’auront pas influé sur le délibéré, puisque la juridiction a suivi les réquisitions du procureur. Les deux hommes ont été condamnés à huit et cinq mois de prison ferme, tout en les obligeant à verser 200 euros de préjudice moral à la victime.
Milan Busignies
Édité par Quentin Celet