Le Parlement européen a durci, ce mardi 13 septembre, la proposition de Bruxelles visant à restreindre les importations de l'UE liées la déforestation, en élargissant l'éventail des produits concernés, notamment pour inclure le caoutchouc et le maïs, et en l'étendant aux acteurs financiers.
Au Mexique, la déforestation par brûlage a vu d'innombrables kilomlètres carrés de forêt vierge remplacés par des cultures destinées à l'exportation. Cuej.info / Jami Dwyer.
Réunis à Strasbourg, les eurodéputés ont adopté (par 453 voix contre 57, et 123 abstentions) leur position sur le projet de la Commission européenne contre la « déforestation importée », base de leurs futures négociations avec les États membres pour finaliser le texte. La consommation européenne est à l'origine de 16% de la déforestation mondiale par le biais des importations, faisant de l'UE le deuxième destructeur de forêts tropicales derrière la Chine. Pour limiter cet impact, la Commission a proposé mi-novembre d'interdire l'importation dans l'UE de six produits (soja, viande bovine, huile de palme, bois, cacao et café) si leur production est issue de terres déboisées après décembre 2020.
Fin juin, les ministres de l'Environnement des Vingt-Sept s'étaient entendus pour en reprendre les grandes lignes. Le texte voté par les eurodéputés va beaucoup plus loin : il élargit notamment la liste des produits concernés, en y incluant la viande de porc, les produits de moutons ou caprins, la volaille, le maïs et le caoutchouc, ainsi que le charbon de bois et le papier imprimé. De même, les eurodéputés souhaitent l'interdiction des produits venant de terres déboisées « après le 31 décembre 2019 », soit un an plus tôt que le projet de Bruxelles.
En pratique, les entreprises importatrices seront responsables de leur chaîne d'approvisionnement, la traçabilité pouvant s'exercer via des données de géolocalisation des cultures et photos satellitaires, compilées dans une base de données accessible aux autorités. Le degré de vérification exigé se ferait en fonction du risque « élevé, standard ou faible » de la région d'origine, selon un classement élaboré par l'UE, les produits issus de pays jugés « à bas risque » étant soumis à moins d'obligations. Or, les eurodéputés ont voté pour soumettre également les institutions financières à « des exigences supplémentaires » afin de garantir que « leurs activités ne contribuent pas à la déforestation ».
« L'inclusion des services financiers complète celle des acteurs des chaînes de valeur », a observé Pascal Canfin (Renew, libéraux), président de la commission Environnement au Parlement, saluant « une avancée historique ». Le texte couvre la déforestation mais également la « dégradation des forêts ». En revanche, au grand dam des eurodéputés Verts, le Parlement a retoqué des amendements qui proposaient d'étendre le champ du texte à d'autres écosystèmes menacés (savanes, zones humides, pampa...)
Cuej avec AFP
Edité par Matei Danes