Le référendum pour les animaux, soutenu par plusieurs associations de défense du bien-être animal, avance à grands pas. Deux des six mesures proposées inquiètent particulièrement les agriculteurs : l'arrêt de l'élevage en cage et de l'élevage intensif. Entretien avec Nicolas Dietrich, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs du Haut-Rhin.
Selon un sondage de Caniprof et de l'Ifop en juillet 2020, 73% des Français ssoutiennent l'organisation de ce référendum. © Pixabay
Le référendum pour les animaux, soutenu par plusieurs associations de défense du bien-être animal, avance à grands pas. L'initiative doit obtenir le soutien de 185 parlementaires pour qu'une proposition de loi voit le jour. 140 ont déjà signé. La pétition a pour l'instant récolté plus de 700 000 signatures de citoyens. Il en faudra 4,7 millions au total. Les propositions d'arrêt de l'élevage en cage et de l'élevage intensif inquiètent particulièrement les agriculteurs. Nicolas Dietrich, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs du Haut-Rhin, réagit.
Concrètement, si le référendum passe, qu'est-ce que ça impliquerait pour les agriculteurs ?
Une fois de plus, quelqu'un se sera chargé de nous expliquer notre travail, notre métier. Des gens qui d'après moi n'ont jamais passé plus d'une heure devant une vache ou n'importe quel autre animal. Ils ne comprennent rien au métier, mais se permettent de nous l'expliquer. Pour moi, ce serait une défaite syndicale et par-dessus tout c'est le risque de voir disparaître certaines exploitations. Pour le foie gras par exemple, il y aura des structures qui seront vouées à disparaître, alors qu'on en mangera toujours en France. L'élevage plus ou moins intensif et l'élevage en cage sont encore stigmatisés. Ça ne me fait pas forcément peur pour mes collègues, parce que dans le Haut-Rhin, il n'y a pas beaucoup d'élevages en cage.
Quelles seront les conséquences d'un arrêt de l'élevage intensif et de l'élevage en cage pour les consommateurs français ?
En Europe, nous avons déjà les normes environnementales et pour le bien-être animal les plus contraignantes. Là, on nous demande de laver encore plus blanc que blanc. Si on change de mode de production, il y aura automatiquement une augmentation des prix. Plus on peut faire de volume sur un mètre carré de bâtiment, ou un hectare de terre, meilleure peut être la marge. Ce sont des coûts de production, mais il en faut pour toutes les bourses. On ne peut pas tous manger du poulet Label ou bio à 25 euros le kilo. Ce n'est pas parce qu'on est smicard qu'il faut qu'on mange mexicain. Tout le monde mérite de manger français. Ou alors, on va produire dans d'autres pays où on s'en fiche de ce qu'il se passe. Ma grosse crainte c'est qu'on doive importer encore plus. On nous parle de "souveraineté alimentaire" et de ne pas la perdre en France, alors qu'elle est déjà entièrement perdue.
Propos recueillis par Amélie Rigo