Après plusieurs années de violences psychologiques et physiques, Lisa se retrouve à la barre pour témoigner contre son compagnon Osman qui, deux jours plus tôt, la frappait et la poursuivait dans la maison jusqu'à l'arrivée des gendarmes.
Il fait beau cette après-midi du 6 septembre, et chaud aussi. Lisa, comme toujours, tente de répondre aux caprices de son compagnon Osman. Elle est censée télétravailler mais accepte de l'emmener à son spot de pêche. Là-bas, il s'agace : le soleil tape, quelqu'un est installé à sa place, rien ne se passe comme il veut. En repartant, il s'emporte et comme souvent, c'est Lisa qui sera son exutoire. Il la frappe violemment. Aux cuisses et aux bras, alors qu'elle conduit. Sur la route, des bleus apparaissent.
Arrivés à leur domicile, à Gundershoffen, un homme attend Osman pour lui acheter du bois. Lisa en profite et court s'enfermer dans la maison, terrorisée. S'ensuit une course poursuite entre les deux. À l'intérieur et à l'extérieur du domicile. Osman défonce la porte du salon à coup de pied. Un éclat blesse Lisa au front, quelques centimètres au dessus de son œil. Plus tard, c'est avec une hache qu'il brise une fenêtre pour pénétrer dans la maison où elle s'est enfermée. Alors qu'elle lui échappe de nouveau, les gendarmes arrivent. Osman est arrêté.
Déjà condamné pour violences conjugales
Ce mercredi 8 septembre, il comparaît au tribunal de Strasbourg et, plutôt mal que bien, tente de justifier ses actes. Il était « hors de lui ». Il faisait « trop chaud ». Il avait « trop bu et fumé ». Plus tard, il évoque une hyperactivité depuis tout petit et des problèmes avec sa famille. Rien ne convainc les juges. Osman n'en est pas à son coup d'essai. En 2015, il est déjà condamné pour violences conjugales sur une compagne précédente. Lisa, elle, subit ses crises de violence depuis de longs mois. Lors de son audition par les gendarmes, elle a rapporté avoir déjà été giflée, plaquée contre le sol, empêchée de sortir de leur maison et régulièrement insultée. « Tu n'es qu'une femme bonne à baiser qui ne sait rien faire, une chienne », prend en exemple le président.
Des mots bien différents de ceux qui résonnent dans la salle d'audience ce mercredi. Les « je suis désolé » et les « je t'aime » pleuvent tout du long, au point d'excéder la Cour. « Ce n'est pas de l'amour, Monsieur, c'est de la possession », coupe le président. Cette possession, Lisa a pourtant du mal à la voir. À la barre, elle-même prend la défense de son compagnon : « Il a avant tout besoin d'aide. Je suis restée avec lui parce que je lui ai fait la promesse de ne pas le laisser tomber, contrairement à sa famille. »
« Je suis ici pour reprendre ma vie »
Mais cet épisode de violence, ce lundi 6 septembre, est un premier déclic. « Je suis ici pour reprendre ma vie, j'ai besoin qu'il reste loin de moi. » Avant la délibération et malgré une voix que même le micro peine à faire entendre, Lisa s'adresse à Osman et s'impose. « Pour une fois, laisse-moi parler. Je sais que tu es très sensible mais les autres aussi ressentent des choses, tu dois apprendre à gérer tes émotions. Tu ne seras pas tout seul, même si je ne suis plus là. »
Malgré la demande de son avocate d'aménager sa peine et de lui offrir un suivi psychiatrique, le président de la Cour a suivi la réquisition du procureur. Osman est condamné à un an d'emprisonnement avec maintien en détention.
Elia Ducoulombier