Moins nombreuses que prévu, elles ont manifesté devant le ministère de la Santé pour réclamer une revalorisation de leur métier. La ministre enchaîne les réunions de travail sur le sujet mais les résultats se font attendre et la colère monte.
Des sages-femmes de Haute-Savoie ont remixé la chanson "Fatal Bazooka" en "Foetus Bazooka" pour faire entendre leur colère. Depuis sa mise en ligne lundi, la vidéo en est déjà à 49 000 vues.
"On a besoin d'un arbitrage politique", martelait l'intersyndicale (CGT, CFDT, FO, SUD, Unsa) des sages-femmes lundi en conférence de presse. Pour la troisième fois en quatre mois, 2000 sages-femmes ont manifesté à Paris mercredi. Elles demandent au gouvernement de "prendre ses responsabilités" pour revaloriser et déterminer un nouveau statut au métier. Même si des dissensions existent autour des revendications entre les syndicats de fonctionnaires et un collectif professionnel regroupant notamment l’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes, la CFTC et le Collège national des sages-femmes, toute la profession se retrouve autour d’un sentiment de ras-le-bol.
Une évolution de statut qui fait débat
"Comme nous le craignions, tout a été fait pour étouffer la voix des sages-femmes, faire traîner en longueur, épuiser le mouvement légitime de la profession", explique le collectif dans un communiqué publié début février. Celui-ci souhaite que les sages-femmes hospitalières obtiennent le statut de praticien hospitalier, semblable à celui des médecins. L’intersyndicale reste hostile à cette hypothèse, qui serait synonyme de précarité. Les syndicats de praticiens hospitaliers sont eux aussi contre: l’émancipation des sages-femmes déstructurerait les salles d'accouchement et mettrait en danger les femmes et les bébés.
Marisol Touraine sur le pied de guerre
La ministre de la Santé tient une réunion de travail sur ce sujet, la huitième en quelques mois, mais aucune n’a jusqu’à présent abouti à des réponses concrètes. Syndicats de fonctionnaires et collectif veulent un arbitrage rapide, de crainte qu'un remaniement ministériel vienne tout remettre à zéro. Le calendrier initial prévoit que la concertation dure jusqu'à la fin du mois de mars.
Interrogée à l'Assemblée nationale, Marisol Touraine a déclaré mardi qu'elle recevrait les conclusions du groupe du travail sur le statut "dans quelques jours". "A partir de là, je prendrai des décisions", a-t-elle affirmé avant d’ajouter que, dans la foulée, “s’engagera aussi la discussion sur la revalorisation salariale des sages-femmes".
Margaux Velikonia (avec AFP)