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Il n'y a plus de lait dans les réserves de la banque alimentaire du Bas-Rhin. L'Union européenne a revu à la baisse ses aides en lait à l'association qui a lancé, le 24 janvier, un appel aux dons auprès des éleveurs. 100 000 litres de lait manquent pour les bénéficiaires de l'aide alimentaire. 

Les stocks de briques de lait s'épuisent à la banque alimentaire du Bas-Rhin. D'ici la fin février, ils seront vides. L'association humanitaire ne pourra donc plus approvisionner les 87 associations bénéficiaires du département pour aider les personnes démunies. Il manque 100 000 litres de lait, après que l'Union européenne a revu à la baisse ses aides en lait à l'association.

Les 15 000 bénéficiaires des aides alimentaires dans le Bas-Rhin risquent de manquer de cette denrée dans les prochains mois. Les associations qui leur en distribuent sont inquiètes: "Nous avons reçu un courrier pour nous informer que nous n'aurons plus de livraisons de briques de la part de la banque alimentaire pendant au moins trois mois", raconte Jean Olekhnovitch, officier de l'Armée du salut, à Strasbourg. L'association caritative partage gratuitement 450 litres de lait par mois. 

 

L'Armée du salut à Strasbourg ne sait pas quand elle pourra compléter ses réserves de lait, entassées dans une cabine de douche. 

Un aliment de base

L'association d'aide aux démunis sert aussi quatre petits-déjeuners par semaine à quatre-vingt personnes. Mais pour Jean Olekhnovitch, ce n'est pas assez: "Il nous en faut plus car le lait est un aliment de base", explique-t-il. L'officier de l'Armée du salut est d'ailleurs prêt à en acheter si les dons ne comblent pas le manque: Il raconte que "les familles qui arrivent à Strasbourg, en particulier les migrants et surtout les enfants, ne connaissent pas la nourriture occidentale. Alors, ils ne mangent que du pain et du lait." Au total, 5000 enfants et bébés bénéficient de l'aide de la banque alimentaire du département.

 

 

Appel à la charité des éleveurs

Pour pallier la pénurie de lait, la banque alimentaire a lancé le 24 janvier un appel aux dons auprès des éleveurs de vaches laitières, relayé par le conseil général. Dans le Bas-Rhin, cela représente 190 exploitations. La banque alimentaire compte sur les surplus de production de ces exploitations, c'est-à-dire les quantités de lait qui dépassent le quota alloué à chaque éleveur par l'Union européenne. 

 

Mathieu Trautmann, par exemple, le responsable du lait pour les jeunes agriculteurs du Bas-Rhin, ne peut pas produire plus d'un million de litres de lait par an. S'il dépasse ce quota, il doit payer des indemnités. Il peut aussi en faire don à une association caritative, comme la banque alimentaire. "Il y a deux ans, je donnais environ 2000 litres de lait par an, raconte l'éleveur, mais depuis 2011, les quotas ont augmenté et aujourd'hui je n'ai pas de surplus". 

 

L'étable de la famille Trautmann à Batzendorf, près de Haguenau, compte 110 vaches laitières.

Comme de nombreux éleveurs, Mathieu Trautmann ne dépasse plus son quota. En ce début d'année 2014, Il a même des difficultés à l'atteindre: "Sur notre exploitation on arrive à peine à livrer 90% de notre quota à la coopérative, explique-t-il, donc cette année je ne ferai pas de don".

Malgré une nouvelle déducation fiscale accordée aux agriculteurs qui donnent une partie de leur production laitière aux associations caritatives, les éleveurs ne sont pas séduits. Didier Braun, président du syndicat des Jeunes agriculteurs du Bas-Rhin constate que "les pénalités de dépassement sont plus incitatifs que la déduction fiscale". Cet éleveur du Nord de l'Alsace sera l'un des 700 membres du syndicat des Jeunes agriculteurs à donner du lait à la banque alimentaire "pour faire un geste quand même", explique-t-il. Les éleveurs ont jusqu'au 15 février pour annoncer leur don à la coopérative laitière.

Textes, photos et son: Marion Paquet

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