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Des eurodéputés réclament une enquête sur les europartis d'extrême-droite. Le but : définir s'ils bafouent les valeurs européennes et éventuellement leur couper les subventions qu'ils touchent.

À eux deux, ils devraient toucher un peu moins de 700 000 € pour l'année 2012. L'Alliance européenne des mouvements nationaux (AEMN) et l'Alliance européenne pour la liberté (AEL) sont parmi les europartis les moins bien dotés en subventions européennes, mais c'est déjà beaucoup trop pour le groupe socialiste au Parlement Européen.

Les sociaux-démocrates européens ont lancé fin janvier un appel pour couper les vivres aux partis d'extrême-droite. Les socialistes européens sont soutenus par 218 eurodéputés, de gauche principalement, dans une fronde qui vise notamment le Front National. Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch, les trois ténors du parti français, sont des membres importants des deux alliances d'extrême-droite au Parlement Européen.

Un parti qui renie certaines valeurs de l'Union Européenne

L'euroscepticisme du Front National exaspère Miguel Angel Martinez Martinez, un des vice-présidents du Parlement de Strasbourg, signataire de l'appel. « Le Front National demande à ce que la France quitte l'Union Européenne. Il refuse l'idée même de l'existence de l'identité européenne. » À l'image de Marine Le Pen, qui brandit fièrement son euroscepticisme dans l'enceinte du Parlement Européen. Encore lors du discours de François Hollande au Parlement Européen, Marine Le Pen tance la réaction des dirigeants européennes aux inquiétudes de la population : « La réponse des institutions européennes : le mépris, l'insolence, la menace. »

Or selon les signataires de l'appel, un parti qui renie certaines valeurs de l'Union Européenne ne devrait pas avoir droit aux deniers publiques. L'adhésion aux valeurs européennes est une condition sine qua non dans l'obtention de subventions. Cependant, les juristes qui examinent les dossiers de subvention n'ont jusqu'à présent rien trouvé à redire aux positions des europartis d'extrême-droite.

« Ils veulent refuser la parole à des milliers d'Européens »

« Ce sont des partis néo-fascistes, anti-démocratiques », proclame Miguel Angel Martinez Martinez. Sans préciser ce qui fait de l'AEMN et de l'AEL des mouvements anti-démocratiques. Pour la présidente du Front National, la situation est des plus absurdes : « Au motif que nous serions, nous, anti-démocratiques, ils veulent refuser la parole aux milliers d'Européens qui ont voté pour nous. »

Le vice-président espagnol du Parlement Européen admet qu'il s'agit aussi d'une question d'image et de fierté. Cet appel, c'est un moyen de crier haut et fort au Parlement leur refus de soutenir de quelque manière que ce soit les partis d'extrême droite. Il y a peu de chance pour que la demande des eurodéputés aboutisse. Le Parlement Européen risquerait de se retrouver devant la Cour Européenne de Justice s'il ne verse pas les subventions à l'AEMN et à l'AEL, alors que les partis d'extrême-droite en respectent les conditions d'attribution.

« Je voudrais que l'Union Européenne se retrouve devant la Cour de Justice, même si elle perd », souligne Miguel Angel Martinez Martinez. Une question de principe pour l'eurodéputé espagnol.

Pauline Hofmann

 

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