Coup d'envoi des 8èmes de finale de la Ligue des Champions, ce mardi soir. Si sur le terrain, les étoiles vont briller, c'est un autre match qui se joue en coulisses : l'UEFA a déclaré la guerre aux clubs, minés par des dettes abyssales.
Ils sont encore 16 en lice dans la prestigieuse Ligue des Champions, graal européen. Sept d'entre eux appartiennent au top ten des clubs européens les plus endettés. Si la situation s'est quelque peu améliorée, beaucoup ont frôlé la faillite, leurs dettes atteignant des sommets : en 2010, les deux poids lourds du championnat espagnol, le Real Madrid et le FC Barcelone, cumulent un peu moins de 650 millions d'euros de dette. En tête du classement, Manchester United s'envole à près de 816 millions d'euros.
La planète foot brasse des millions mais court toujours après l'équilibre financier. Pourquoi ? La faute à des modèles économiques qui font fi de toute rationalité. Les salaires, premier poste de dépenses des clubs, représentent 64 % du total de leur budget. Les recettes commerciales ne suffisent plus à les couvrir.
Spéculation et endettement : cocktail gagnant ?
On croyait au chaos en 1995, lorsque l'arrêt Bosman a mis fin aux quotas de joueurs étrangers par clubs, entraînant l'explosion des transferts. On y croyait encore lors de l'achat de Zidane par le Real : 76 millions d'euros, du jamais vu. Mais le chaos est peut être pour maintenant. Les transferts et les salaires sont toujours plus exorbitants : à titre d'exemple, la vedette suédoise du PSG, Zlatan Ibrahimovic brasse 14,5 millions d'euros par an. Les chiffres donnent le vertige.
Pour boucler leurs budgets, les clubs ont recours à l'endettement. La dette totale du football européen professionnel a atteint un sommet en 2010 : 15 milliards d'euros. Autre tour de passe-passe : les clubs spéculent sur le prix des joueurs. Objectif : réaliser des plus-values sur leur vente. En 2011, Palerme a vendu Javier Pastore au PSG. Montant de la transaction : 42 millions d'euros alors que le joueur leur avait coûté 7 millions au club transalpin. Une plus-value de 35 millions. La belle affaire. Des joueurs, vraiment ? Plutôt des actifs utilisé pour gonfler les bilans. Un véritable marché financier s''est mis en place. S'il s'effondre, c'est tout le football professionnel qui plonge avec lui.
Tout club dans le rouge privé de coupe d'Europe
Il fallait donc mettre un sérieux coup de pied dans le bourbier. Et c'est Michel Platini qui s'en est chargé. Tout auréolé de sa réélection à la tête de l'UEFA, la star du football français a dévoilé ce qui doit être la grande œuvre de son mandat : le « fair-play financier ». Concrètement, c'est quoi ? Une mesure de bon sens, rien de plus. D'ici l'an prochain, les clubs devront respecter une règle : ils ne pourront pas dépenser plus que ce qu'ils gagnent. Fallait y penser.
Aux Guignols de l'info, en septembre dernier, les dirigeants PSG, Leonardo et « la » Prince répondent au Président de l'UEFA.
Et la sanction est à la hauteur des enjeux : tout club dans le rouge sera privé de coupe d'Europe. Une menace qui porte ses fruits. Plusieurs clubs se sont d'ores et déjà attaqués à leur dette. Manchester United l'a réduite à 366 millions d'euros. Grâce à ses bonnes performances et a des revenus records -plus de 500 millions- le Real de Madrid a réussi l'incroyable pari d'effacer un tiers de la sienne. Autre club, autre méthode. A Chelsea, c'est le milliardaire russe Roman Abramovitch qui a fait office de magicien : oublié le trou de 798 millions.
Mais la spirale n'est pas prête de s'inverser : en 2011, les clubs européens ont cumulé 1,7 milliard d'euros de pertes, selon le rapport annuel de l'UEFA. C'est plus que les deux années précédentes. Pas de quoi rassurer les clubs, comme le Barça et Schalke 04, qui restent dans le rouge. Dans un an, ils devront présenter des comptes clean. Selon une simulation effectuée par l'UEFA sur la période 2009-2011, 46 clubs ne passeraient pas le cap.
Lucie Marnas