Près de la moitié des Russes voient en l'ancien dictateur Joseph Staline, un dirigeant avisé qui aurait fait de l'URSS un pays puissant et prospère. Ce mardi, les Russes commémorent le 60è anniversaire de sa disparition.
Source : AFP
Ils étaient plusieurs centaines de personnes ce matin sur la Place Rouge à Moscou. Malgré un froid polaire, des Russes de toutes générations se sont rassemblés pour honorer la mémoire de Staline, enterré au pied du Kremlin. Le passé noir du dictateur tombe petit à petit dans l'oubli. 37 % des Russes estiment ne savoir rien ou très peu de choses sur les répressions staliniennes. Pourtant, sous son règne, des peuples entiers, dont les Tchétchènes, Ingouches ou Tartars de Crimée ont été déportés. Des millions de personnes ont été fusillées ou exterminées dans les camps.
Source Images : AFPDes crimes largement dénoncés dans les années 1980 grâce à la perestroïka (réformes économiques et sociales menées par Mikhaïl Gorbatchev) et la chute de l'URSS. Mais depuis, l'image de Staline a été redorée, notamment depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir. Certes celui-ci a condamné les exactions sous Staline, mais le régime de Poutine se développe lui aussi avec un pouvoir centralisé s'appuyant sur les services secrets, une population soumise, des intimidations et un contrôle de l'information.
La vénération autour de Staline a trouvé son apogée dans la publication d'un livre d'histoire pour les étudiants de l'université en 2010. La déportation par Staline de peuples entiers est ainsi justifiée : « la raison de leur déportation a été que certains (peuples) étaient prêts à collaborer avec l'occupant (nazi) et d'autres étaient soupçonnées des mêmes intentions ». Une thèse rejetée par les historiens indépendants.
Source Images : AFPDepuis les reformes libérales dans le pays, beaucoup de Russes regrettent l'époque soviétique. Nombreux sont ceux pour qui Staline incarne encore l'image d'une Russie forte et prospère où il faisait bon vivre. Aujourd'hui l'image du vainqueur des Nazis l'emporte sur celle du dictateur sanguinaire.
Janina Schnoor