La candidature du millionnaire à la présidentielle kényane et favori des sondages donne un ton particulier au scrutin de 2013. Malgré son inculpation pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale, Uhuru Kenyatta semble bien décidé à gagner les élections. Pour sauver sa peau ?
En swahili, son nom signifie liberté. A 68 ans, Uhuru Kenyatta, à la carrure imposante, candidat à l'élection présidentielle pèse lourd. Très lourd. Cet éminent homme d'affaires, issu de la première famille de propriétaire terrien du Kenya est accessoirement fils de Jomo Kenyatta, le 1er président kényan, l'un des fervents combattants de la colonisation britannique.
On établit sa fortune personnelle à 500 millions de dollars. Il dispose même de quatre radios locales et deux chaînes de télévision. Le seul trophée manquant reste le fauteuil présidentiel.
Uhuru Kenyatta est le fils du premier président kényan. Photo Vidéo AFP
Pourtant, de la politique, il en a déjà tâté. Il connait un parcours politique sinueux. Il échoue en 1997 à l'élection présidentielle. Il parvient à s'implanter habilement et progressivement en devenant député en 2001 mais échoue aux élections parlementaires de 2002. Peu importe, la carrière est lancée. Ce n'est que que six ans après qu'il devient vice-premier ministre en récupérant le portefeuille des finances entre 2008 et 2012.
Rien ne semble pouvoir l'arrêter
Comme dit un proverbe africain, « le lion dort avec ses dents. Il peut toujours mordre ». Uhuru Kenyatta croit en sa bonne étoile. Les élections de 2013 le donneront vainqueur, croit-il. Annoncé comme l'un des favoris dans les sondages, qui lui donnent 45 % des voix, c'est tout sourire qu'il se pavane dans les meetings aussi bien que sur les plateaux de télévision. Rien ne semble pouvoir l'arrêter, pas même la poursuite de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité après les élections de 2007. La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme ( FIDH) et la Kenya Human Rights Commission ( KHRC) saisissent alors la justice kenyane concernant la légalité sa candidature. Elles sont déboutées de leur demande.
Les familles des victimes attendent le procès devant la Cour pénale Internationale de pied ferme, fixée le 10 avril 2013. Nouveaux rebondissements. Ce procès est reporté en août 2013 par les procureurs de la Cour. Uhuru Kenyatta a dû pousser un « Ouf » de soulagement : il pourra se présenter au deuxième tour de la présidentielle. Et il sait qu'il a de grandes chances d'y être.
Certains kényans craignent que Uhuru Kenyatta jouisse d’une immunité qui lui permettrait de ne pas comparaître devant les juges de la CPI. Pourtant, selon l’article 27 du statut de Rome de la CPI, « la qualité officielle de chef d’État ou de gouvernement, de membre d’un gouvernement ou d’un parlement, de représentant élu ou d’agent d’un État, n’exonère en aucun cas de la responsabilité pénale ». Mais la bête politique n'a pas dit son dernier mot.
Adama Sissoko