Soupçonnée de vouloir imposer un bilinguisme au rabais, la recteure de l'académie de Strasbourg se défend. Depuis la rentrée, Armande Le Pellec Muller expérimente un nouveau système dans deux écoles primaires alsaciennes: huit heures d'allemand par semaine, contre douze dans les classes d'allemand paritaires.
Une hérésie clament trois associations* qui ont lancé une pétition réclamant son départ. Lors d'une conférence de presse tenue mardi matin, la recteure a affirmé que l'expérimentation ne remetait pas en cause sa politique en faveur du bilinguisme paritaire. "Depuis mon arrivée il y a deux ans, 91 classes de ce type ont été crées pour 2500 élèves", a-t-elle rappelé.
Elle se veut rassurante. Le système "progressif" n'entre pas en concurrence avec le système paritaire et propose une autre pédagogie, avec certes, moins d'heures d'allemand, mais des cours plus ludiques dans toutes les matières. "Ce système doit permettre d'attirer des familles qui jusqu'ici n'osaient pas sauter le pas vers plus d'allemand", explique la recteure.
Pour les associations, c'est surtout un retour en arrière. Entre 1991 et 1997, un système à six heures d'allemand hebdomadaires a été expérimenté en Alsace, en parallèle avec le bilinguisme paritaire. Ce dernier a montré que dans la plupart des cas, les élèves obtenaient de meilleurs résultats.
Contrairement à ce qu'affirment les associations, pour Armande Le Pellec Muller, ce n'est pas la différence de niveau entre les élèves qui a conduit à l'arrêt des sites à six heures:
Les associations accusent aussi la recteure de décourager les familles en proposant une solution alternative au bilinguisme paritaire. Elles jugent ce comportement incompatible avec les objectifs de la convention qui lie l'Etat, les collectivités territoriales et l'académie de Strasbourg sur la politique régionale des langues vivantes. Dans le cadre de cette convention, les collectivités territoriales fournissent 3 millions d'euros par an au rectorat.
De nouvelles classes à huit heures pourraient être ouvertes à la rentrée, en fonction des demandes des familles au niveau local. Leur nombre n'a pas été fixé. La recteure s'exprimera à nouveau au sujet de la pétition samedi à Cernay, devant les maires du Haut-Rhin.
Charlotte Stievenard
* Comité fédéral des associations pour la langue et la culture régionales en Alsace et en Moselle; Association des élus d’Alsace pour la promotion de la langue et de la culture alsaciennes (AEAPL); Association de parents d'élèves d'Alsace (Eltern)