Europol, la police européenne a annoncé lundi avoir démantelé un vaste réseau de corruption dans le milieu du football. 380 matchs auraient été truqués en Europe, entre 2009 et 2011.
Dix-huit mois d'investigations, 13 000 e-mails épluchés, c'est la plus grande enquête menée par Europol. Joueurs, arbitres ou dirigeants de clubs, 425 personnes pourraient être impliquées dans une affaire de matchs de football truqués. En Allemagne, 14 ont d'ores et déjà été condamnées. Pour certaines, elles écopent de 39 ans de prison. Au total, Europol aurait procédé à l'arrestation de 50 personnes. Mais les enquêteurs craignent qu'il ne s'agisse que de la "partie émergée de l'iceberg". A ce stade de l'enquête, Europol dénombre 380 matchs truqués dans 15 pays d'Europe, mais aussi en Afrique.
Europol reste volontairement évasive, instructions judiciaires obligent, mais indique que parmi les matchs truqués, certaines rencontres de la Ligue des Champions et des qualifications de la Coupe du monde. La Turquie, l'Allemagne et la Suisse sont les premiers concernés, mais ils sont loin d'être les seuls. Lors de sa conférence de presse à La Haye, lundi, Europol pointe l'exemple d'un match des moins de 20 ans, entre l'Argentine et la Bolivie où l'arbitre hongrois accorde un penalty litigieux en faveur de l'Argentine. C'était le 18 décembre 2010. ( Vidéo du match ci-dessous. L'action débute à 2'47)
Pour Rob Wainwright, le directeur d'Europol, c'est "un jour triste pour le football européen. La corruption est un problème grave dans le football et il ne se règle pas qu'avec des forces policières". Selon les enquêteurs, derrière ces matchs et ces paris truqués se cache une organisation criminelle asiatique. Basée à Singapour, elle s'appuyerait sure de nombreuses ramifications en Europe. Ce réseau aurait rapporté 8 millions d'euros depuis 2009.
En France, l'UEFA attend plus "d'informations sur les investigations" d'Europol avant de prendre d'éventuelles sanctions disciplinaires. Didier Deschamps, entraîneur des Bleus, s'est dit surpris par l'ampleur de la fraude présumée.
Marie Gesquière