Stefanos Kasselakis, élu dimanche à la tête du parti d’opposition de gauche Syriza, a tout misé sur son statut de “self-made man”.
Stefanos Kasselakis n'avait encore jamais élé élu. Crédit : image Freepik
La trentaine, musclé, charismatique… et inconnu de la plupart des Grecs il y a encore quelques semaines. Mais ce temps est bel et bien révolu. Stefanos Kasselakis s’affiche maintenant partout, à la gym, en balade avec son mari américain Steven et sa chienne Farley ou lors de ses retrouvailles avec sa mère à l’aéroport. Pour sa campagne, le nouveau dirigeant de Syriza, le principal parti d’opposition de gauche, a tout misé sur son image de self-made man qu’il promeut sur les réseaux sociaux. Mais son parcours crispe une partie de la gauche.
Analyste chez Goldman Sachs en pleine crise financière
À 14 ans, Stefanos Kasselakis quitte la Grèce avec sa famille. Il affirme avoir dû quitter son pays par nécessité. Son père, actionnaire majoritaire d’une compagnie de transport maritime, connaît alors des difficultés économiques. Il s’adapte rapidement à cette nouvelle vie aux États-Unis. Élève brillant, il gagne, l’année de son arrivée, la médaille d’argent d’un concours de mathématiques. Il obtient par la suite une bourse et part étudier la finance et les relations internationales à l’université de Pennsylvanie.
En 2009, alors que la Grèce est plongée dans l’une de ses plus grosses crises financières, il devient analyste chez Goldman Sachs, la banque qui depuis 2001, a aidé la Grèce à maquiller l'ampleur du déficit de ses comptes publics et à emprunter au-dessus de ses moyens. Situation paradoxale pour un candidat de gauche qui lui vaut le surnom de « golden-boy » dans la presse. « Si je n’avais pas travaillé pour le capital, je n’aurais pas compris son arrogance et je ne serais pas de gauche aujourd’hui », justifie le nouveau président de Syriza. Au milieu des années 2010, il crée son entreprise de transport maritime.
Un candidat ouvertement gay dans un pays conservateur
Stefanos Kasselakis bouscule les habitudes bien au-delà de son statut d’ancien trader. C’est le premier président de parti grec ouvertement gay, une révolution pour ce pays conservateur. Un progressisme qu’il affiche dans son programme : fin du service militaire, défense des droits LGBT+ et défense de l’environnement. Des propositions critiquées par la droite.
Mais son entrée fracassante dans la politique agace aussi à gauche. Il lui est reproché son manque de propositions politiques concrètes. Lui qui n’est rentré en Grèce qu’au printemps dernier et qui n’avait jusqu’ici jamais été élu. « Il n’a rien à voir avec Syriza. Il a rejoint [le parti] il y a un moment. Il ne connaît probablement rien aux réalités grecques, a critiqué pendant la campagne Nikos Filis, figure importante du parti. Nous n’avons pas besoin d’un messie ou de personnalités politiques de la génération Instagram. »
Dimanche, Stefanos Kasselakis a répondu à ces attaques. « Je ne suis pas un épiphénomène, je suis la voix d’une société. » Le ton est donné, mais la tâche s’annonce compliquée pour le nouveau leader de Syriza, qui devra d’abord convaincre au sein même de son parti.
Adélie Aubaret
Édité par Jade Lacroix