Un Allemand de 25 ans, schizophrène mais jugé responsable, a écopé de six mois de prison pour vol avec violence par le tribunal correctionnel de Strasbourg, ce jeudi 15 septembre.
Un schizophrène de 25 ans a écopé de six mois de prison pour vol avec violence par le tribunal correctionnel de Strasbourg. Photo libre de droit
C'est un prévenu un peu particulier qui s'avance dans le box du tribunal correctionnel de Strasbourg, ce jeudi 15 septembre. Les mains tatouées, les cheveux ébouriffés et l'air presque amusé, l'Allemand présenté comme SDF et vêtu d'un sweat gris s'assoit derrière la paroi en plastique. Une traductrice lui rapporte les éléments factuels présentés à l’audience.
Le 8 août 2022, le trentenaire s'introduit dans un garage automobile route de la Fédération et profite de l'inattention des mécaniciens qui réalisent un contrôle technique pour voler un testeur de batterie. Mais, manquant de discrétion, le gérant le rattrape sur le trottoir. En lieu et place d'explications, le voleur sort un cutter de sa poche et menace le garagiste. Il essayera alors de revendre le testeur de batterie à des passants, sans se cacher, juste en face du garage.
Sentiment de « bizarrerie générale »
L'homme est arrêté par la police le jour même et déféré devant le parquet le 11 août. Mais l'affaire est renvoyée au 15 septembre afin qu'une expertise psychologique approfondie soit effectuée. « Lors de votre détention, on vous a effectivement retrouvé à quatre pattes devant la porte, pantalon baissé en train de vous toucher l'anus », rapporte le président en remontant ses lunettes noires sur son nez.
L'homme s'explique en mangeant ses mots et en gesticulant. « Je ne veux rien dire car mon tuteur allemand n'est pas là, je n'ai rien fait ». « Bon, en tout cas je ne pense pas qu'on se soit trompé de personne », ironise le magistrat qui rapporte le « sentiment de bizarrerie générale » ressenti lors de sa première audition par la police.
Dans le déni de sa schizophrénie
« Vous pouvez m'expliquer pourquoi vous avez dit que vous étiez en pré-retraite à 25 ans ? », reprend le président. L'une des avocates présente dans la salle ironise. « Le rêve ». Le magistrat renchérit en riant : « Un rêve, oui, je suis d'accord maître ». Le prévenu ne s'explique pas, il répète les mêmes mots en boucle : « Je ne dirai rien, je n'ai rien fait ». L'expertise psychologique affirme que l'homme est schizophrène mais refuse de se soigner. Son discernement est altéré mais pas totalement aboli. Il reste donc responsable de ses actes selon la justice.
Dans son réquisitoire, la procureure décrit une vie « en marge de la société » et un « dossier inquiétant », au vu de l' état psychologique instable du prévenu. Elle demande dix mois de prison assortis d'un sursis simple.
« Dis-lui qu'il se calme »
Pour toute réaction, l'homme siffle et ricane. Il profère même des injures antisémites, que la traductrice refuse de répéter. « Dis-lui qu'il se calme », assène son avocate, visiblement exaspérée du comportement de son client. Elle ne s'étendra pas dans son plaidoyer, et précise même qu’elle est commis d’office. « Je suis frustrée car je n'ai pas réussi à échanger avec lui, souffle-t-elle. D'habitude on arrive à faire évoluer le discours de nos clients. »
Après délibération, il est déclaré coupable et écope de six mois de prison en sursis simple. Il doit quitter le territoire français, à la demande de la préfecture. « Vous avez compris ? clame le président. Cela veut dire que vous rentrez dans le premier tram, vous repartez en Allemagne et vous ne remettez pas les pieds en France pendant cinq ans. » L’homme regarde le public et sort en ricanant.
Clémence Blanche
Édité par Charlotte Thïede