7% des Français ont du mal à lire, écrire ou compter. Des associations se mobilisent sur le sujet du 6 au 12 septembre.
Envoyer des sms, faire ses courses, répondre à des mails : des gestes parfois compliqués à effectuer pour près de deux millions et demi de Français. Ces derniers ont des difficultés à lire, à écrire et à compter. Loin des clichés, cette situation concerne des profils très variés. Selon une étude de l'ANLCI (Agence Nationale de Lutte contre l'Illetrisme), plus de la moitié des personnes touchées ont plus de 45 ans ou exercent une activité professionnelle. Cela « peut concerner n'importe quelle personne », note Julia Didelot. « Ce n'est pas écrit sur le front ».
Chargée de mission au sein de l'association « Savoirs pour réussir », la jeune femme dispense des cours depuis plus de dix ans. Elle peut voir au quotidien les conséquences sur les personnes qu'elle suit. Un impact envahissant sur les moindres actions quotidiennes : « Arriver à l'heure, utiliser un GPS, retirer de l'argent... »
Souvent confondu avec l'analphabétisme, l'illettrisme est une difficulté à maitriser les savoirs de base : écriture, calcul et lecture. Un problème répandu : certains cachent leurs difficultés pendant des années.
Des profils très divers
Pour offrir des formations aux personnes qui en ont besoin, l'association travaille en collaboration avec les organismes locaux, Pôle Emploi ou les missions locales. Les sujets repérés sont ensuite orientés vers l'association qui les prend en charge. Julia Didelot évoque également un « effet de bouche à oreille » : « Les gens demandent à venir avec leur ami ou leur mère qui a les mêmes difficultés ». En parler est important : par peur du jugement, certains cachent leur situation pendant des années et passent maîtres dans l'art de la dissimulation , explique Julia Didelot
Prétexter des problèmes de vue lors de la signature de contrats, emporter des papiers chez soi, les faire remplir par des membres de la famille, " il y a plein de stratégies de contournement", constate Julia Didelot. Elle explique recevoir des sms de personnes ne savant pas écrire. " Je suis étonnée, je me dis que le sms est bien écrit... et elles ont en fait utilisé la saisie vocale de leur téléphone ".
Eviter les situations gênantes permet de ne pas se faire repérer. Se former permet pourtant un nouveau départ.
Gagner en autonomie
Julia évoque les effets bénéfiques de la prise en charge comme une amélioration de l'autonomie et de la confiance en soi. « Ils osent aller vers quelque chose ». Elle évoque cette adhérente qui a passé un certificat de formation générale, équivalent au brevet des collèges, après avoir pris des cours pendant deux ans. « Elle n'arrivait pas à écrire. Son entourage lui faisait sentir son absence de diplôme. Elle continue sur une autre formation. Elle construit des projets pour l'avenir. »
Un escape game à destination de personnes en situation d'illettrisme s'est déroulé mercredi 8 septembre. Organisé en partenariat avec la Banque de France, « Sur la piste de Matthieu » invite les participants à s'initier aux démarches bancaires et à repérer des arnaques financières. Autre action, en ligne cette fois, une campagne de sensibilisation. L'association " Savoirs pour réussir " a choisi de diffuser chaque jour un portrait d'apprenant sur les réseaux sociaux, afin de promouvoir leur parcours. Une façon de mettre en valeur des personnes longtemps restées dans l'ombre.
Leïna Magne