Au quatrième trimestre 2020, le nombre de demandeurs d’emplois a reculé de 1,1% dans le Grand Est malgré la crise économique engendrée par la Covid-19. Un résultat faussé selon l’Insee.
Une bonne nouvelle peut en cacher une mauvaise. La baisse des demandeurs d’emplois en France (-1,3%) et dans le Grand Est (-1,1%) au quatrième trimestre 2020 alerte sur la situation difficile des demandeurs d’emplois. Face à la situation épidémique et économique, beaucoup de demandeurs d’emplois renoncent à continuer leur recherche et se retrouvent en dehors des statistiques Pôle emploi. L’Insee parle d’une baisse du chômage en “trompe-l’oeil”. En effet, pour être chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT), il faut avoir effectué une démarche de recherche d'emploi au cours des quatre dernières semaines et se déclarer disponible dans les deux semaines pour occuper un emploi.
"Ils ont hâte que les relations physiques reprennent”
Pour Dominique Mamet, bénévole à la Solidarités nouvelles face au chômage, association qui accompagne gratuitement les demandeurs d’emplois, cette situation se confirme sur le terrain. En charge du suivi de cinq personnes, trois ne lui répondent plus et refusent l’accompagnement. “Aujourd’hui on essaye de renouer le lien en les appelant. Mais au téléphone on sent la baisse de motivation, certains pensent que tout ça ne sert à rien et qu’ils ne trouveront jamais d’emplois”, se désole-t-il. En 2020, l’antenne strasbourgeoise de l’association a reçu environ moitié moins de demandes d’accompagnement par rapport à 2019.
La crise économique aggravée par le contexte épidémique ne facilite pas la recherche d’emploi. Philippe Willenbucher, permanent de l’association ABCDE, souligne le problème de l’absence de lien social. “C’est très dur quand vous êtes seul dans votre appartement, que vous n’avez plus de contact avec vos amis ou vos anciens collègues". Un constat partagé par Paul Landowski, créateur des Café contact de l'emploi, un concept de speed dating entre demandeurs d’emplois et employeurs créé pour simplifier la prise de contact professionnelle. “Il y a beaucoup de personnes isolées en détresse qui m'appellent pour savoir quand est ce que les Café contact vont reprendre. Ils ont hâte que les relations physiques reprennent”, alerte Paul Landowski qui ne sait toujours pas quand est ce que les Cafés, toujours interdits, vont pouvoir reprendre.
Pôle emploi peine à accompagner les chômeurs longue durée
Du côté du Syndicat national du personnel de Pôle emploi (Snap), on nuance les propos de l’Insee. Christian Parisot, délégué régional du Grand Est voit une spécificité de la région Grand Est. Selon lui, les résultats tiennent davantage de l’absence de grande vague de licenciement sur le troisième trimestre et d’une augmentation des recrutements par les entreprises. Il souligne que les services Pôle emplois, notamment l’accueil en agence et les échanges par téléphone, ont été maintenus depuis le début de la crise “sauf pendant le premier confinement”, admet-il. “Malgré le contexte, on a toujours maintenu un contact avec les demandeurs d’emplois, notamment grâce notamment aux outils numériques". Néanmoins, Christian Parisot reconnaît que l’accompagnement des chômeurs longue durée parfois peu à l’aise avec les outils numériques est compliqué. “Leur nombre a augmenté dans le Grand Est. On concentre nos efforts sur ce public qui a le plus besoin d’aide mais il faut reconnaître que nos effectifs restent insuffisants au vu du nombre de demandeurs d’emplois”, conclut-il.
Eiman Cazé