Elles sont jeunes et compétentes. Et leur métier, pour le commun des mortels, n'existe pas. Anne, Eurydice et Hélène ont participé à la table ronde "nouveaux métiers" organisée par l'Onisep et l'université, à la librairie Kléber, ce mercredi matin.
Chacune exerce avec passion un métier auquel aucune formation ne correspond vraiment. Portraits
Anne, 34 ans,"organisatrice de boutiques éphémères"
Anne Thomahsowski a lancé Hic & Nunc, son entreprise individuelle il y a deux ans. Elle organise des boutiques éphémères de jeunes créateurs de vêtements, à Strasbourg, et se définit volontiers comme une "dénicheuse". "Concrètement, je cherche des locaux, des créateurs et je fais de la communication."
Quand la vente est organisée, il y a un jour d'installation, plusieurs jours de vente, puis il faut préparer les colis... et préparer la vente suivante ! Elle a lancé son activité en 2009, grâce à la bourse Défi jeunes. Anne était alors la seule sur ce créneau à Strasbourg. "Depuis, j'ai le sentiment qu'un mouvement s'est développé, et c'est tant mieux pour la création." Son projet n'est pas encore rentable, mais la jeune chef d'entreprise se "laisse un peu de marge" car, comme elle le rappelle, "pour être rentable, une activité nécessite trois ans en moyenne". Les choses avancent, mais les difficultés sont nombreuses. "On oublie les standards concernant le temps de travail. Les vacances, ce n'est plus une priorité, ça devient un besoin physique !"
A 34 ans, elle se laisse le choix de faire évoluer sa petite entreprise. "Tout est à voir, à construire. Ça m'angoisse 24h sur 24, je n'ai que ça en tête, mais c'est aussi une passion."
Eurydice, 23 ans, "community manager"
Quand on lui demande ce qu'elle fait dans la vie, Eurydice, 23 ans, répond "chargée de communication". "Comme ça, tout le monde comprend." Mais, dans les faits, elle cherche à accroître la notoriété de deux entreprises, notamment l'Agence de développement économique du Bas-Rhin, sur Internet.
En parallèle de sa licence en Information-communication, la jeune femme a réalisé un stage de neuf mois dans un grand groupe hôtelier. "Dans mon cursus, on ne voyait pas du tout ce qu'était Internet. Là, j'ai dû trouver des blogueurs, étudier la concurrence sur Internet. Je me suis rendue compte que des gens étaient payés pour passer la journée sur Internet, mais je n'avais pas conscience que c'était un vrai métier."
En arrivant en Alsace, elle se constitue un carnet d'adresse grâce aux réseaux sociaux et trouve rapidement un emploi. Chaque jour, elle anime des sites Internet, fait rayonner les informations "positives" et fournit de l'information à ses "communautés" pour qu'elles les transmettent à leurs propres réseaux. Son but : "faire connaître l'Alsace et faire venir des investisseurs". Une expérience riche pour la jeune femme, qui souhaite tout de même continuer à se former et envisage de partir travailler à l'étranger.
Hélène, 27 ans, "conseillère en agriculture biologique"
Hélène est salariée de l'Organisation professionnelle de l'agriculture biologique en Alsace. Elle est chargée d'animer le pôle conversion. Autrement dit, elle accompagne les agriculteurs qui souhaitent transformer leur exploitation en bio. "Cela revient, en grande partie, à faire de la sensibilisation. Chercher à développer le bio dans une zone où personne n'a rien demandé", s'amuse-t-elle.
Au quotidien, elle partage son temps entre les réunions, le lobbying et la communication et passe huit heures par jour devant un ordinateur.
Après sa formation d'ingénieur agronome, elle a postulé partout. "En 2008, c'était la crise !" rappelle la jeune femme. Alors elle a tout accepté et cumulé les CDD d'ouvrière agricole pendant deux ans. "C'est le premier boulot que je fais qui soit complètement en phase avec mes valeurs."
Hélène sait que son métier sera amené à se développer. Sur le long terme, elle n'exclue pas de changer de région, de se spécialiser dans une filière ou de s'engager dans le milieu associatif en parallèle de son métier.
Aurélie Delmas