Après Daniel Cohn-Bendit en septembre, et Nicolas Sarkozy en novembre, c'était au tour de l'eurodéputée Rachida Dati de rencontrer les étudiants de l'Ecole de management (EM) de Strasbourg mardi 14 février.
Rachida Dati face aux étudiants de l'EM. © Aurélie Delmas
L'ancienne garde des Sceaux, invitée de l'association des étudiants Polémics, était annoncée sur trois thèmes forts de la campagne présidentielle : l'éducation, l'intégration et la justice. Actuellement en disgrâce auprès des pontes de l'UMP, Rachida Dati refuse cependant de rouler trop ouvertement pour Nicolas Sarkozy et, face aux 190 étudiants présents, elle a essentiellement évoqué son parcours personnel.
"Je n'ai pas un message de l'UMP à passer"
Alors que la conférence a été avancée d'un quart d'heure, la salle est encore à moitié vide et les organisateurs semblent tendus. "Tu refuses personne hein ?", conseille une jeune femme à l'entrée. Pendant ce temps, on annonce au micro: "Pour ceux qui twittent la conférence, le hashtag sera #DatiEM comme on l'a indiqué sur le rétroprojecteur." L'ambiance est donnée : jeune et sympathique. "On peut dire, et ce n'est rien de le dire, que vous déchainez les passions." C'est par ces mots que l'ancienne ministre de la Justice est introduite devant le public. La salle rit, Rachida Dati aussi.
Si l'eurodéputée est présente à l'EM, c'est parce qu'elle affectionne particulièrement ce type d'exercice. Et depuis longtemps. Cela n'a aucun rapport avec la campagne présidentielle. "Je n'ai pas un message de l'UMP à passer. Je ne suis pas là pour dire la gauche c'est mieux que la droite ou inversement", tient à éclaircir l'eurodéputée avant le débat. A demi-mots, elle prend ses distances avec son parti. "Même si j'appartiens à cette famille politique qu'est la droite, je trouve qu'il faut parfois aussi aller bien au-delà, pour ne pas avoir un débat partisan ou politicien." Et pour cause, l'ancienne favorite de Nicolas Sarkozy n'est plus en odeur de sainteté au gouvernement, comme l'analysait récemment SlateAfrique.
"J'ai tenu ma feuille de route"
Rachida Dati trace en pointillés le bilan de ses années passées au gouvernement. Et l'ex-ministre de la Justice assume.
La réforme de la justice? "En 2007, j'ai tenu ma feuille de route et j'ai un bon bilan. J'ai fait le boulot, et je l'ai fait vite." Les élections législatives? "Oui, je serai candidate, même si Monsieur Fillon se maintient." Le féminisme? "C'est un combat de toujours pour moi." Bref, Rachida Dati est sereine et elle le dit: "Si on m'avait demandé d'écrire ma vie rêvée à 20 ans, ce que j'aurais écrit aurait été en deçà de ce que j'ai vécu."
Polemics pas très polémique
Rachida Dati qui pourtant "préfère les débats aux discours" ne sera donc que peu amenée à aborder les sujets d'actualité. Une petite surprise l'attend toutefois. Un étudiant intervient pour évoquer à nouveau la mec'amorphose de la maire du VIIe arrondissement. "J'ai quelque chose à vous offrir" annonce-t-il en descendant vers l'invitée et enfilant une perruque. Une fausse moustache, pour évoquer la lutte de Rachida Dati contre les discriminations sexuelles. Réponse de l'intéressée : "Vous savez, vous n'avez pas besoin de mettre une perruque pour avoir une tendance à la féminité. Et pas besoin d'avoir une moustache pour être dans virilité !"
Au final, la campagne présidentielle n'a pas été évoquée. L'éducation et l'intégration, thèmes pourtant annoncés, non plus. Mathieu Texier, étudiant en deuxième année, est content de l'avoir vue mais "on a peu parlé des enjeux de la politique actuelle, des élections, déplore-t-il. C'était moins intéressant que Nicolas Sarkozy ou Daniel Cohn-Bendit, qui était moins langue de bois. Elle a un peu tendance à se victimiser". Même constat pour Marie Fuchs, étudiante en première année. "Rien de neuf, elle n'a pas donné d'idées nouvelles. En même temps, elle n'est pas très bavarde sur la présidentielle en ce moment donc ce n'est pas devant des étudiants qu'elle allait sortir les plus belles idées de sa campagne."
Aurélie Delmas
Photo d'appel : © Aurélie Delmas