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14/02/12
16:35

"Une intervention militaire israélienne est plausible" en Iran

Les attentats visant les ambassadeurs israéliens lundi 13 février en Géorgie et à New Delhi ont un peu plus enflammé les relations entre l'Iran et Israël. Entre les deux pays, l'escalade se poursuit, une future guerre est même évoquée. Decryptage avec le chercheur Corentin Brustlein.

Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, avait qualifié Israël de tumeur cancéreuse lors du 33e anniversaire de la Révolution islamique, le 11 février.  (Photo: Parmida76)

Corentin Brustlein est chargé à Institut français des relations internationales (Ifri) "du suivi des processus d'adaptation et de transformation des appareils militaires contemporains et de la prolifération des armes nucléaires et de leurs vecteurs." Pour le webex, il décrypte la chaude actualité israélo-iranienne.

Les déclarations des responsables israéliens qui accusent l'Iran d'être derrière les deux attentats d'hier en Géorgie et en Inde sont-elles justifiées ? Dans l'autre sens, le Mossad était-il impliqué dans l'assassinat de cinq savants atomistes et d'un général responsable du développement de missiles à longue portée iraniens, comme le prétend Téhéran ?

Je n'ai pas d'information précise sur les attaques - réussies ou avortées - contre les services consulaires israéliens en Inde et en Géorgie. Israël, du fait de ses expériences passées et probablement de ses propres pratiques, s'attend à ce que ses ressortissants soient pris pour cibles par des services étrangers.

Les assassinats ciblés de scientifiques atomistes iraniens au cours des dernières années semblent s'inscrire dans la stratégie israélienne destinée à contrer le programme nucléaire de Téhéran en exerçant une pression sur tous les fronts possibles: le renforcement des sanctions et l'isolement diplomatique de Téhéran, la préparation de frappes militaires, les mesures de sabotage telles que la fourniture au marché noir de pièces de centrifugeuses défectueuses ou l'introduction du ver Stuxnet dans les usines d'enrichissement d'uranium iraniennes, ou encore l'assassinat des "cerveaux" de la recherche nucléaire iranienne.

Est-ce que les attentats d'hier peuvent conduire à une escalade de la violence entre les deux pays ? Les déclarations de Mahmoud Ahmadinejad à l'occasion du 33e anniversaire de la Révolution étaient assez offensives...

Les attentats, s'ils sont bien le fait de Téhéran, font partie d'une logique d'escalade qui est déjà à l'oeuvre. Elle pourrait se voir apaisée sous l'effet de pressions internationales, plus ou moins ouvertes, sur l'Iran et Israël, ou d'une révision par l'un de ces deux Etats de son approche actuelle.

Elle peut aussi se poursuivre et aboutir à la conduite d'opérations militaires ou irrégulières entre les deux belligérants et leurs intermédiaires. Aucun processus d'escalade n'est totalement inéluctable, tant que, pour paraphraser Clausewitz, la raison l'emporte sur les passions.

Les Nations unies qui ne cessent de durcir les sanctions économiques adopte-t-elle la bonne stratégie ou, au contraire, ne font-elles pas le jeu de l'Iran en l'isolant ?

D'abord, il convient de préciser que les sanctions ne sont pas le seul fait de l'ONU, mais également de l'UE, et sont complétées par des mesures prises à un niveau strictement national. Leur renforcement ne constitue qu'une étape récente dans l'évolution d'une crise entamée il y a près d'une décennie, et au cours de laquelle d'autres approches plus conciliantes ont été tentées, aussi bien de la part de l'UE que de l'administration Obama.

Ces sanctions ne constituent pas à elles seules un moyen suffisant et décisif, mais visent à faire plier Téhéran tout en ménageant Tel-Aviv afin qu'il n'opte pas pour le recours à la force.

Une intervention militaire israélienne ou américaine en Iran est-elle plausible à court terme ?

Une intervention militaire israélienne est plausible d'ici la fin de l'année. Une opération américaine me semble nettement plus improbable. Mais dire que l'option est plausible ne dit rien quant à son efficacité - tactique, stratégique ou politique. Tactiquement, une opération aérienne israélienne a des chances de réussir, en détruisant ou en neutralisant certains sites clés du complexe nucléaire iranien (installations de Natanz, Fordo, Arak, etc.).

Mais même une réussite tactique n'aboutirait qu'à repousser un problème stratégique - le développement d'une capacité nucléaire à vocation potentiellement militaire par l'Iran - sans pouvoir le faire disparaître, entraînant en parallèle un risque de conflit conventionnel régional.

Propos recueillis par Thibaut Gagnepain

(Photo d'appel de Une: julianlimjl)

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