La nouvelle carte scolaire était discutée ce lundi dans chaque académie. Au total, 53,5 postes doivent être supprimés dans le Bas-Rhin. À Bischwiller, trois postes et demi pourraient être supprimés dans trois écoles de la ville.
L'école Foch à Bischwiller pourrait perdre une de ses huit classes à la rentrée de septembre prochain. Crédit Photo : Anna Benjamin
Thierry Keiller a fermé son école lundi. "Pas par gaité de cœur", insiste-t-il. Le directeur de l'école élémentaire Foch, à Bischwiller, a pris son poste il y a tout juste un an. Il a appris il y a une semaine la fermeture d'une de ses huit classes pour la rentrée de septembre prochain : "Ce n'est pas facile de gérer cela quand on vient d'arriver", regrette-t-il.
Sur les 53,50 postes qui doivent être supprimés dans le Bas-Rhin, trois postes et demi devraient l'être à Bischwiller, une ville de 12 700 habitants. Les écoles maternelles Chérifi et Hasensprung, et l'école élémentaire Foch pourraient être touchées. Lundi, sur huit écoles, sept étaient fermées et environ 80% des enseignants étaient en grève.
Des chiffres contre de l'humain
Thierry Keiller fait le tour de ses classes vides. Il est fier de montrer les deux plus grandes classes de l'école. Dans les autres salles bien plus petites, il se demande où il va mettre les enfants supplémentaires : "C'est un problème de places". Cette année, l'école Foch accueille 163 élèves pour huit enseignants. "Je ne suis pas inquiet pour la rentrée 2012 mais pour dans deux ans. D'après les prévisions de la rentrée 2013, 20 CM2 vont partir au collège et 45 CP vont arriver." Un surplus de 23 élèves par rapport à cette rentrée.
Avec un enseignant pour un peu plus de 20 élèves, Thierry Keiller reconnaît que son école est en dessous des directives nationales qui fixent leur nombre à 28,5 : "L'inspection académique est dans son droit si elle veut fermer une classe. Mais lorsqu'ils m'opposent des chiffres, je leur oppose de l'humain. On a besoin de ces enseignants."
"Cela va créer de l'échec scolaire"
Sophie Bonno est déléguée des parents d'élèves de l'école Foch. Elle vient chercher ses enfants. Pour elle, cette fermeture "va créer de l'échec scolaire" :
L'école maternelle Chérifi devrait, elle aussi, perdre une de ses quatre classes. Betty Schneder y enseigne depuis 9 ans après avoir passé 25 ans à l'école Foch. "Ils ont choisi les écoles maternelles Chérifi et Hasensprung car il y a des quart temps", indique-t-elle. Deux jours par semaine, un enseignant se transforme en directeur pour s'occuper de l'administratif : "Avec un poste en moins, ils travailleront à temps plein d'enseignant et feront l'administratif en plus sur leur temps libre, pour être payé 16 euros de plus par mois qu'un enseignant".
"On a plus le temps de parler à tous les enfants"
Betty Schneder explique que "les enseignants mutés vont gagner des points mais devront trouver une nouvelle affectation. Quand on est installé dans une région et qu'il faut partir, c'est difficile car on a créé des liens."
"On n'était pas au courant de rien. On a appris quelles écoles étaient concernées dans les DNA", s'étonne une enseignante à l'école maternelle du Centre depuis quatre ans. Cet établissement n'est pas concerné par une fermeture, mais cette institutrice a décidé de participer à la manifestation de lundi à Strasbourg.
Des effectifs en augmentation
Cette enseignante énumère certaines des conséquences quotidiennes de ces fermetures : "Les effectifs vont augmenter dans les classes. On passera de 23 élèves à 30. Il y aura moins d'aides maternelles." Dans le Bas-Rhin, 34 postes Rased, (19 postes de ré-éducateurs et 15 postes de maîtres spécialisés), devraient aussi être supprimés, sur un total de 181. "On devrait perdre un poste de ré-éducateur qui vient deux heures par semaine à l'école maternelle du Centre", ajoute-t-elle.
En poste à Hautepierre auparavant, elle retrouve les mêmes difficultés à Bischwiller. La ville n'est pas classée Zone prioritaire d'éducation (ZEP) mais selon Valérie Pujol, enseignante depuis dix ans à l'école Chérifi, elle en a les caractéristiques : "50% des enfants n'ont pas le français comme langue maternelle, on est très touché par le chômage à cause de la désindustrialisation et il y a beaucoup de familles mono-parentales."
"On ne fait pas le même travail à 23 qu'à 30. On a plus le temps de parler à tous les enfants et surtout que tous les enfants nous parle. On aura plus le temps de faire d'aide individuelle", ajoute-t-elle. La mairie de Bischwiller insiste sur le fait qu' "aucune décision est encore prise." Le Comité technique spécial département (CTSD) du Bas-Rhin discutait ce lundi de la nouvelle carte scolaire qui devrait être ajustée en juin en fonction des effectifs réels.
Anna Benjamin