Des millions d'Iraniens se massent dans les grandes villes du pays, ce samedi, pour participer aux manifestations marquant les 33 ans de la Révolution islamique. A Téhéran, une foule pro-régime a écouté le discours du président Ahmadinejad.
Malgré les sanctions imposées par l'ONU, Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que l'Iran allait "inaugurer dans plusieurs jours des projets nucléaires importants". Il n'a pas donné plus de précisions. L'Iran assure depuis toujours que ses travaux sont de nature civile. Mais la communauté internationale soupçonne le pays de vouloir se doter de la bombe atomique. Le chef des renseignements militaires israéliens, Aviv Kochavi, avait d'ailleurs affirmé, jeudi 2 février, que l'Iran était d'ores et déjà en capacité de produire quatre bombes. L'Iran "ne capitulera jamais au langage de la force", a martelé Ahmadinejad, faisant allusion aux menaces d'intervention militaire de la part d'Israël, notamment relayées par le chef du Pentagone américain, Leon Panetta, et des Etats-Unis. Le président iranien souhaite un retour à la table des discussions avec le conseil de sécurité de l'ONU.
Les cérémonies téréhanaises sont par ailleurs marquées par la présence d'Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas palestinien. Il est très rare qu'un homme politique étranger soit invité à prendre la parole lors de telles manifestations. Ismaïl Haniyeh a profité de l'occasion pour réaffirmer que le Hamas "ne reconnaîtrait jamais Israël". Et la présidence iranienne l'a assuré "de tout son soutien" dans la lutte contre l'Etat hébreu. Quant à Mahmoud Ahmadinejad, il a de nouveau nié le génocide des juifs pendant la seconde guerre mondiale. L'Iran a selon lui "brisé l'idole de l'Holocauste créée par l'Occident et les colonialistes" pour justifier la création de l'Etat hébreu.
Comme dans toutes les cérémonies officielles en Iran, les slogans "Mort à Israël" côtoient ceux qui scandent "Mort à l'Amérique". La propagande d'Ahmadinejad est aussi tournée vers l'Occident. D'autant plus que les sanctions imposées par les Etats-Unis et l'Union Européenne, comme le gel des transactions financières avec les banques iraniennes, provoquent en Iran une crise économique. Le pays ne peut plus payer ses fournisseurs étrangers et la population iranienne a du mal à se procurer des produits de première nécessité. Les élections législatives sont dans moins de trois semaines, le 2 mars, et les autorités ont tout intérêt à ce que le pays soit soudé contre un ennemi extérieur pour éviter une révolte interne.
Magali Fichter (avec AFP)