Une vingtaine de militants anti-GCO se sont à nouveau retrouvés lundi devant le tribunal administratif de Strasbourg./ Augustin Campos
C’est presque devenu une habitude pour les opposants au projet de Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO). Ils étaient une vingtaine, de nouveau, à se rendre lundi 4 février devant le tribunal administratif de Strasbourg afin de soutenir un autre recours d’Alsace Nature contre le GCO.
Soutenue par l’ensemble des collectifs réunis dans la lutte contre le projet d’autoroute de 24 kilomètres qui vise à désengorger l’A35 qui passe à proximité de la capitale alsacienne, l’association environnementale a déposé en janvier un nouveau référé suspension. Une solution d’urgence afin de demander l’arrêt des travaux de la Société des autoroutes du Nord et l’Est de la France (Sanef) -qui ont déjà commencé – pour le futur échangeur à proximité de Vendenheim, au nord de Strasbourg. Un projet « en plein milieu de la forêt du Krittwald », selon Me François Zind, l’avocat de l’association.
Jean-Louis Hamm, bien intégré dans le collectif GCO Non merci s’est rendu il y a quelques jours dans la forêt. Il a constaté, médusé, l’efficacité des machines « qui découpent chaque arbre en 18 secondes ». « Ils vont descendre 12 hectares de bois », s’indigne-t-il.
Alsace Nature a déposé des recours récemment contre le Viaduc de la Bruche et l’échangeur de Vendenheim. En référence aux différents chantiers qui composent le projet, Jean-Louis Hamm évoque un « puzzle ». Et, pour les opposants, il faut empêcher les porteurs du projet de réunir toutes les pièces : « si on arrive à mettre des bâtons dans les roues de ce projet sur l’un de ces points, ça peut tout bloquer ». Et a ce jeu là, alors que les travaux ont commencé il y a plusieurs semaines, les référés suspension sont la seule option. « Les dossiers sur le fond sont tous en cours. Mais le temps que le tribunal se prononce, l’autoroute sera construite », justifie Me François Zind.
« Tout est attaquable dans ce projet »
« J’essaie de leur démontrer que le GCO ne va rien changer au trafic, que la pollution de l’air ne va pas changer » assure Me Zind. Il explique l’échec de la plupart des recours « car c’est très difficile de pouvoir trancher pour le juge administratif parce qu’il y a plein de données scientifiques et techniques ».
A la sortie du Tribunal administratif de Strasbourg, après un énième référé suspension d'Alsace Nature pour demander l'arrêt des travaux du #GCO qui vise à désengorger l’A35, l’avocat @francois_zind dénonce l’indifférence des défenseurs du projet à l’égard des ruraux. pic.twitter.com/RJ7GT6WBVX
— Webex (@Webex_Cuej) 4 février 2019
A la sortie de l’audience dont le jugement sera donné vendredi, Christine Lodes, l’une des cinq opposants qui avaient participé à la grève de la faim de trente jours en novembre dernier, rappelait que « tout est attaquable » dans ce projet. « Il a parfaitement compris l’avocat de Sanef (au cours de l’audience, NDLR), on fait tout pour rejeter le projet », remarquait-elle, déterminée.
Prochaine étape de cette guérilla judiciaire : une audience qui devait avoir lieu en décembre, finalement repoussée à ce jeudi. Le tribunal administratif devrait examiner le recours d’Alsace Nature qui concerne cette fois le Viaduc de la Bruche, long de 500 mètres, qui doit enjamber une piste cyclable, le canal de la Bruche et la plaine du même nom, et dont le rapporteur public avait soutenu l’annulation. Mais le nouveau permis d’aménager délivré entre-temps par le préfet du Bas-Rhin à Vinci rend incertaine la tenue de l’audience cette semaine. Un rebondissement, encore.
Augustin Campos