Une librairie-café spécialisée dans le roman noir vient d’ouvrir dans le quartier de la Krutenau, dans le centre-ville de Strasbourg. Rencontre avec son propriétaire, Éric Schultz, également adjoint au maire.
Le nom intrigue d’abord. La Tache noire ? Impossible de savoir de quoi il s’agit. Pour résoudre le mystère, direction le quai des bateliers à Strasbourg. En entrant, les yeux tombent d’abord sur le contour d’un corps au sol digne d’une scène de crime. Le ton est donné : noir. Du café noir et des étagères noires, pour des romans noirs. Le mystère est résolu, La Tache noire est un repaire pour les passionnés de polars, thrillers, et autres romans policiers.
Une reconversion littéraire
Le premier d’entre eux n’est autre qu’Éric Schultz, adjoint au maire en charge de l'état civil, à l’initiative de cette librairie-café. « J’en avais envie depuis un petit moment, et je savais que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais », confie le tout nouveau libraire. Passionné depuis son adolescence par ce genre littéraire, il n'a pas hésité à y consacrer tout son catalogue. « Le roman noir est un révélateur des tensions et des interrogations qui peuvent traverser nos sociétés. C’est un premier niveau d’émergence de certaines problématiques », explique Éric Schultz.
Parmi les centaines de titres proposés dans la librairie, des grands classiques comme Agatha Christie, mais aussi les nouveautés de la rentrée. Jennifer Le Morvan, ex-patronne de la librairie Soif de lire, travaille avec Éric Schultz à La Tache Noire. Elle nous présente un de ses coups de coeur « Eclipses japonaises » d’Éric Faye.
Un élan de solidarité
Dès son installation, la librairie a immédiatement reçu le soutien des commerçants du quartier : « Les tables bistrot viennent du Café Berlin qui nous les a prêtées le temps qu’on trouve du mobilier. Le restaurant Paulus, qui est au bout de la rue Zurich, nous a filé du mobilier dont ils n’avaient plus usage. C’était une belle surprise de constater qu’il existait une telle entraide à la Krutenau. »
A La Tache noire, on ne fait pas qu’y passer, on peut aussi s’y arrêter le temps de savourer un café et un bon roman. Ce concept est cher au coeur d’Éric Schultz : « En 2015, j’étais en Bretagne et j’ai découvert les librairies-cafés, et je me suis demandé pourquoi on n’avait pas ça chez nous en Alsace, ou dans le Grand-Est. C’est un concept qui m’avait tout de suite séduit. » Mais les innovations ne s’arrêtent pas là. Les livres d’occasion seront mélangés aux livres neufs sur les étagères de la librairie. « Le livre d’occasion, ce n’est pas un sous-livre », rappelle Éric Schultz.
Des rencontres littéraires à foison
L’agenda des animations est déjà bien avancé pour les semaines à venir. Au programme, de nombreuses rencontres littéraires. C’est François Médéline, qui inaugurera la salle noire, le 4 octobre, avec son livre critique du pouvoir macronien « Tuer Jupiter ». « Un petit clin d'oeil politique », glisse Éric Schultz avec espièglerie.
Les lecteurs peuvent également participer activement à la vie de la librairie et se renseigner sur le site Internet, notamment via une « cartopolar » inventée par Jennifer Le Morvan et Éric Schultz. « On veut créer une cartographie mondiale du polar. Ce sera une carte où on épinglera des romans selon là où l’histoire se passe. Cela présentera les polars qu’il faut avoir lus pour découvrir une ville de manière agréable ».
La Tache noire semble avoir déjà trouvé son public. L’inauguration de la librairie café au début du mois de septembre a été un succès : « L’accueil qu’on a eu du public, c’est le plus beau des encouragements. »
Avant de vous laisser partir, Jennifer Le Morvan vous partage un autre de ses coups de coeur, « Sukkwan Island» de l'auteur américian David Vann :
Du mardi au samedi, de 10 à 19 heures. 1, rue de Zurich, Strasbourg.
Phœbé Humbertjean