Un homme de 59 ans a comparu ce lundi devant le tribunal correctionel de Strasbourg. Il est accusé d'aggressions sexuelles sur sa fille alors qu'elle était mineure, il y a vingt ans.
« J'étais un père un peu strict mais j'ai jamais touché mes filles. » L'homme de 59 ans qui se tient devant le tribunal correctionnel de Strasbourg nie en bloc les accusations portées contre lui.
Ce peintre en bâtiment comparaît ce lundi suite à une plainte de sa fille, désormais majeure, qui l'accuse d'attouchements sexuels lorsqu'elle avait une douzaine d'années, dans leur domicile de Woerth. Les faits se seraient déroulés il y a plus de vingt ans, de 1995 à 1996.
A la barre, le prévenu, intimidé, chuchote ses réponses. Face au tribunal, il dénonce des « accusations mensongères ». Tout ne serait qu'un complot venant de ses filles « qui ont mal supporté que le divorce que nous avions entamé avec mon épouse soit annulé ». En 2014, sa femme est retournée vivre avec lui moins d'un an après leur séparation.
Déjà condamné en 1997
L'homme a déjà été condamné en 1997 à quatre ans de prison dont deux avec sursis pour des accusations similaires sur sa fille aînée. Cette fois-ci, le prévenu est accusé des même faits alors qu'il était déjà sous le coup d'une instruction pour l'aînée. Sa cadette, qui l'accuse aujourd'hui, n'est pas présente et ne s'est pas constituée partie civile.
Face à lui, le président Jean-Michel Trevisan parle d'une cellule familiale détruite, des enfants qui décrivent aux gendarmes « une situation apocalyptique, vivant dans la peur dès que le père rentrait de son travail et de nombreuses violences ». Il dénonce un « comportement peu habituel d'un père de famille face à des enfants, fragiles et facilement traumatisés ».
Un manque d'investigation
Pour sa défense, l'homme évoque l'incontinence nocturne de sa fille et sa tentation de la soigner. « Je me réveillais la nuit pour aller la voir, souvent trop tard. Alors je l'emmenais à la salle de bain pour la nettoyer. » Des douches qui ont été un prétexte à des agressions sexuelles selon les déclarations que la fille a donné à la gendarmerie.
L'avocat du prévenu, maître Francis Metzger, dénonce face au tribunal le « manque d'investigation. Nous n'avons rien d'autre que les accusations de la fille mais où se trouve la chambre dans la maison ? Quel était le trajet jusqu'à la salle de bain ? Avait-elle l'opportunité de réveiller sa mère ? Il est impossible que personne ne soit jamais entré dans la salle de bain. »
Le procureur Laurent Guy écarte toute thèse de complot et évoque « une fille qui n'en pouvait sans doute plus ». Pour le représentant du ministère public, la « lecture du dossier donne la nausée avec un sentiment de gâchis. Tous ses enfants ont décrit de nombreuses situations délicates et inappropriées. » Il a requis trois ans de prison assortis d'un sursis avec mise à l'épreuve et inscription du prévenu au fichier des auteurs d'infractions sexuelles. L'affaire a été mise en délibéré.
Guilhem Dubernet