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La sélection des films qui se disputeront la palme d’Or durant la 68e édition du festival de Cannes a été dévoilée. Parmi les 17 lauréats, trois réalisateurs asiatiques fouleront de nouveau le tapis rouge de la Croisette : Le Taïwanais Hou Hsiao Hsien avec The Assassin, le Chinois Jia Zhang-Ke qui présentera Mountain May Depart et le Japonais Hirokazu Kore-Eda, avec Our Little Sister.

Hou Hsiao Hsien, le chevalier errant

Digne représentant de la nouvelle vague du cinéma taïwanais, le réalisateur Hou Hsiao Hsien, 68 ans, tentera de décrocher la palme d’or avec The Assassin, dans lequel il s’essaie à un nouveau registre : le film d’arts martiaux et plus précisément, de sabre. L’histoire est celle d’une meurtrière qui évolue dans la Chine du IXe siècle. Le dernier contrat qu’elle reçoit, la pousse à remettre en question sa loyauté envers ses employeurs. Ces derniers lui ont commandé l’assassinat de son amant.

Habitué aux longs plans et travelings contemplatifs, le réalisateur Taïwanais tente de donner un nouveau souffle au genre Wu xia, contant l’histoire de chevaliers, adeptes des arts martiaux. Il marche donc sur les pas de Wong Kar-Waï, le réalisateur hong-kongais, qui avait apporté un regard mélancolique sur le Wing chun, la technique martiale de Ip man, le maître de Bruce Lee, dans le film The Grandmaster (2013).

Le réalisateur taïwanais est pourtant un habitué des drames sociaux sur fonds historique. Le Festival de Cannes l’a découvert en 1993 avec le deuxième épisode de sa trilogie sur l’histoire de Taïwan, Le maître des marionnettes, récompensé par le prix du Jury.

The Assassin est ainsi le sixième film que Hou Hsiao Hsien présente à Cannes. Il y confie le rôle principal à l’actrice taïwanaise Shu Qi, avec laquelle il a collaboré à plusieurs reprises : La première fois en 2001, pour le film Millenium Mambo, une histoire d’amour sur fond de jalousie et Three Times, en 2005, un triptyque sentimental.

Pourtant habitué à tourner avec peu de moyens, le réalisateur a failli ne pas pouvoir terminer son film, la faute à un budget initial insuffisant. Il faudra cinq années pour que le tournage prenne fin et que le film apparaisse enfin sur grand écran.

Jia Zhang-Ke, le portraitiste

Le Chinois Jia Zhang-Ke a pour habitude de portraiturer l’évolution de la société chinoise grâce aux histoires individuelles de ses protagonistes. Il réitère avec Mountain may depart, lui aussi en compétition au festival de Cannes. Cette fois, le scénario se focalise sur la vie d’un couple chinois répartie en trois temps : du mariage forcé de la protagoniste dans les années 90 qui se solde bien plus tard par un divorce, puis une dizaine d’année après, lors des retrouvailles avec son amour de jeunesse, et enfin en 2025, propulsant ainsi le spectateur en Australie, pour suivre le triste quotidien de son fils.

La dernière fois que Jia Zhang-Ke a foulé le tapis rouge de Cannes, c’était en 2013, pour présenter A touch of sin, alors récompensé du prix du meilleur scénario. Comme son homologue Hou Hsiao Hsien, il s’était alors essayé au film de chevaliers errants, à sa façon : Un scénario découpé en quatre histoires, basées sur des faits divers violents qui ont marqué la Chine durant les vingt dernières années. Parmi elles, celle d’un Chinois auteur d’une expédition punitive contre les fonctionnaires corrompus de son village, se soldant par la mort de quatorze personnes. Son film a d’ailleurs été censuré à sa sortie par les autorités chinoises.

Avec Mountain may depart, Jia Zhang-Ke quitte la violence physique de son précédent film, sans pour autant oublier les pressions sociales que connaît son pays. Sujet récurrent dans l’ensemble de son œuvre. Dans 24 City, son premier film présenté à Cannes en 2008, il suivait le quotidien de trois générations d’ouvriers dans une usine vouée à être démolie pour y construire à la place un complexe hôtelier de luxe. Sans oublier Still Life, qui illustre les déplacements de population suite à la construction du barrage des Trois gorges. Ce Film a d’ailleurs permis à Jia Zhang-Ke d’obtenir sa première récompense internationale lors de la Mostra de Venise en 2006, neuf ans après le début de sa carrière.

Hirokazu Kore-Eda, au cœur de la famille japonaise

Le Pays du soleil levant est lui aussi représenté au festival de Cannes. Hirokazu Kore-Eda, est en compétition pour la palme d’or avec sa nouvelle fresque familiale Our little sister, l’adaptation d’un manga à succès au Japon. Trois sœurs, âgées de 19 à 29 ans, subissent le décès de leur père et découvrent, lors de son enterrement, l’existence d’une demi-sœur de 13 ans.

Ce n’est pas la première fois que Kore-Eda noue avec le deuil et les bouleversements familiaux. Dans Distance, son premier film présenté sur la Croisette, un groupe d’amis retournent sur le lieu du décès de l’un de leur proche, survenu lors du massacre des membres d’une secte religieuse. Quant à Still Walking, sorti en 2009, le réalisateur japonais raconte l’histoire d’une famille nippone dont le fils aîné est mort noyé. Chaque année, le cadet retourne chez ses parents, accompagné de sa femme et de son fils pour commémorer le décès.

Autre thématique familiale qui colore la filmographie de Hirokazu Kore-Eda : l’enfance. On la retrouve dans Nobody Knows, où une fratrie de quatre enfants est abandonnée par leur mère volage. Un film qui permettra au jeune acteur Yûya Yagira d’être récompensé du prix d’interprétation masculine du festival de Cannes, en 2004. Puis dans I Wish, dont le scénario dévoile le quotidien de deux jeunes frères séparés par le divorce de leurs parents. Après être passé par la catégorie Un certain regard en 2009 avec Air Doll, Kore-Eda a remporté le prix du Jury en 2013 avec Tel Père Tel Fils. Une histoire de bébés échangés par erreur à la maternité et qui grandissent dans deux familles socialement opposées.

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