La Nasa a annoncé, jeudi, avoir découvert l'existence d'une exoplanète habitable d'une taille équivalente à celle de la Terre. Certains chercheurs soulignent l'aspect avant tout "symbolique" de cette découverte. Explications.
L'annonce de la découverte de Kepler-186f, une planète habitable de la même taille que la Terre, a réveillé beaucoup de fantasmes. Mais certains chercheurs mettent en avant le caractère "symbolique" de cette découverte.
"C'est la première exoplanète de la taille de la Terre trouvée dans la zone habitable d'une autre étoile", souligne à l'AFP Elisa Quintana, une astronome de la Nasa. Cette zone est dite habitable car la vie telle que nous la connaissons et qui dépend de l'eau, a la plus grande probabilité de s'y développer.
#Kepler186f has an orbital period of 130 days- orbiting 3 times to every one time of Earth's. pic.twitter.com/2euU0FqKyG
— NASA Kepler (@NASAKepler) April 17, 2014
Kepler-186f (lien en anglais) se trouve dans un système stellaire comptant cinq planètes toutes de taille proche de celle de la Terre. Mais c'est la seule à être située dans la zone habitable, les autres étant trop proches de l'étoile naine rouge, moins chaude que le soleil. De ce fait, pour que l'exoplanète soit habitable, il faut qu'elle soit plus proche de l'étoile que la Terre l'est du Soleil. L'eau liquide peut exister dans des températures allant de 0 à 100 degrés. On parle aussi d'une planète qui serait rocheuse, comme la Terre.
Une exoplanète est une planète située en dehors du système solaire. Elle tourne autour d'une étoile, comme la Terre tourne autour du Soleil. La première exoplanète a été découverte en 1995, elle s'appelle Pégase 51. Depuis, 1.782 exoplanètes ont été recensées par les chercheurs.
Avant 1995, l'Homme n'avait connaissance que des planètes du système solaire. Depuis, la plupart des exoplanètes observées ont permis aux chercheurs de se baser sur des connaissances autres que celles du système solaire.
Sur France Info, Francis Rocard, astrophysicien au CNES, estime qu'il s'agit d'une "découverte assez symbolique". "Ce qui change, c'est qu’elle fait la taille de la Terre", assure-t-il. On connaît déjà une vingtaine d'exoplanètes qui sont en orbite autour de leur étoile dans des zones habitables, mais celles-ci étaient, jusqu'ici, un peu plus grosses que notre planète.
Dans un entretien au Soir, l'astrophysicien belge Alain Jorissen explique qu'il faut se méfier des communiqués de la Nasa. "C’est ce que j’appelle « l’arrogance américaine », ils vont faire croire que c’est une découverte extraordinaire, en usant de superlatifs et en exagérant."
Il serait complexe d'établir si, oui ou non, de la vie existe sur Kepler-186f. Il faut mesurer les composés de l'atmosphère, ce que la technologie ne permet toujours pas. "Être habitable ne signifie pas être habité", précise l'astrophysicien André Brahic sur RTL. Si l'endroit s'avérait être habité, ça pourrait être par des virus ou des bactéries, loin du fantasme des "petits hommes verts".
Il est sûr que l'Homme n'est pas prêt d'aller sur Kepler-186f, la planète est située à 490 années-lumière du Soleil. Il faudrait par exemple plus de 8,8 millions d'années à la sonde Voyager 1 pour s'y rendre. En comparaison, elle mettrait plus de 216.000 années pour se rendre sur Tau Ceti e, une autre exoplanète réputée habitable. De toute façon, il est pour l'instant techniquement impossible de stocker assez d'énergie pour que les moteurs-fusées tiennent aussi longtemps.
Romain Geoffroy
Article publié le vendredi 18 avril.