C'est le grand succès du moment. En 2019, deux voitures sur cinq vendues en Europe sont des SUV. Mais des voix s'élèvent contre ces «chars d'assauts» des villes.
En dix ans, les ventes de SUV ont été multipliées par six. Mais ces véhicules suscitent de nombreuses critiques. (Photo/Y.ARBAOUI)
Ils sont partout. Ces gros véhicules surélevés aux allures de 4x4 ont investi les villes. "Dans les faits, la star de l’industrie automobile, ce n’est pas la voiture électrique, c’est le SUV : en 2010, il représentait 18% des ventes de voitures dans le monde : en 2018, c’était plus de 40%", déclarait en octobre, le directeur de l’Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol. En France, ces chiffres sont passés de 8 à 35% en l'espace de huit ans. Un grand succès qui rencontre de nombreuses critiques.
En effet, ces véhicules, plus grands et plus lourds, consomment 25% de plus qu’un véhicule classique. Et s'ils sont montrés du doigt par des ONG climatiques, celles-ci ne sont pas les seules à les dénoncer. Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), révèle que les SUV au niveau mondial seraient la deuxième cause d’augmentation des émissions de CO2 entre 2010 et 2018, juste après le secteur de l’énergie et devant l’industrie lourde. L'agence soulignait même que "les SUV risquent tout simplement de réduire à néant" les efforts du secteur automobile pour réduire ses émissions de CO2.
Évolution de la part de marché des SUV en France. (Infographie réalisée sur Infogram)
La publicité mise en cause
Ces ventes record s'expliquent entre autres par un matraquage publicitaire important. Deuxième catégorie d’annonceurs derrière la grande distribution, les constructeurs automobiles ont investi plus de trois milliards d'euros en 2018 dans la publicité. Soit, pour chaque SUV vendu, un peu plus de 1500 euros.
"Pourquoi les gens achètent des SUV ? Parce qu’on les inonde de ces publicités mensongères", s'indigne Karima Delli, eurodéputé Europe Écologie Les Verts et présidente de la commission européenne des transports et du tourisme. Pour elle, les constructeurs automobiles vendent du "rêve".
Avec d'autres députés, elle veut interdire la publicité des gros véhicules. "On nous fait croire que ce sont des véhicules plus sûrs qui nous donnent plus de liberté et d’évasion. Mais en réalité, ils sont très dangereux". En septembre dernier, un gros 4x4 a causé un accident mortel à Berlin en Allemagne.
Dans le projet de loi mobilités, le député Matthieu Orphelin (ex LaREM) avait proposé un amendement visant à fortement encadrer la publicité pour les voitures. Il a été rejeté. Si le monde a pris conscience du réchauffement climatique, ni les SUV ni la publicité ne semblent prendre le même virage écologique.
Publié le 20 décembre 2019 par Yacine Arbaoui