10 mars 2015
Les négociations entre la Grèce et ses créanciers reprendront mercredi à Bruxelles et à Athènes après deux semaines de tergiversations. "Il n'y a plus de temps à perdre" a affirmé Jeroen Dijsselblem, le ministre des Finances néerlandais à l'issue de la réunion lundi soir à Bruxelles de l'Eurogroupe, qu'il préside.
Après un sérieux bras de fer, un accord avait été conclu fin février entre l'Eurogroupe et la Grèce. En contrepartie, le nouveau gouvernement grec d'Alexis Tsipras s'engageait sur des réformes. Depuis, rien n'a été fait. "Nous avons perdu près de deux semaines à discuter de qui rencontre qui, dans quelle configuration et avec quel ordre du jour. Les vraies discussions n'ont pas encore commencé. Assez parlé maintenant." a ajouté M. Dijsselbloem.
Yanis Varoufakis se défend d'avoir tenté de gagner du temps. "Nous avons travaillé activement au plan de réformes" a-t-il répliqué. Un plan en sept points a été présenté au président de l'Eurogroupe vendredi. Il comprend des mesures pour augmenter les revenus de l'Etat, mais aussi un projet d'amnistie fiscale pour les arriérés d'impôts.
Ces deux semaines ont surtout été utilisées par le gouvernement grec pour tenter de modifier les règles du jeu avec ses créanciers. M. Yanis Varoufakis refusait que la Troïka, rebaptisée désormais les "institutions" pour ménager la susceptibilité grecque, revienne en Grèce. "Est-ce que l’on peut travailler sans jamais mettre les pieds en Grèce ? Non, évidemment", a estimé le ministre français Michel Sapin. Finalement, les travaux "au niveau politique" avec les "institutions conjointes" reprendront à Bruxelles, tandisqu'une mission "technique" de ces mêmes institutions auditera l'état des finances grecques à Athènes.
Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières estime qu'il est essentiel de convertir maintenant les engagements de la Grèce en décisions. "Ceci exige un travail technique qui doit être lancé sans plus tarder", a-t-il ajouté. Car la situation est urgente : la Grèce pourrait bien se retrouver à court de liquidité dans les semaines qui viennent, alors qu'elle doit encore décaisser 4,2 milliards d'euros ce mois-ci pour rembourser sa dette. Or ses créanciers, qui détiennent toujours 7,2 milliards affectables à son plan d'aide, n'entendent pas lui lâcher un euro sans contrepartie: "Il ne peut y avoir aucune discussion sur un décaissement anticipé s'il n'y a ni accord ni mis en œuvre" a conclu Jeroen Dijesselbloem.
Chypre
La situation de Chypre, qui attend elle aussi une tranche d'aide fiancière, a également été évoquée durant l'Eurogroupe. Le commissaire Moscovici a insisté sur le fait que le gouvernement de l'île doit mettre en œuvre sans tarder les lois sur les saisies immobilières, dénonçant au passage les blocages du Parlement chypriote. Ces lois sont, selon lui, indispensables pour lutter contre les créances douteuses des banques chypriotes, qui représentaient 140% du PIB en juillet. Mais le commissaire a également salué les progrès de Chypre qui a mis "en place les bases d'une croissance solide et pérenne".
Fabrice Dedieu