10 mars 2016
Le Premier ministre suédois, Stefan Lofven, a prononcé un discours sur la situation actuelle de l’Union Européenne devant le Parlement européen. Il a justifié le rétablissement du contrôle aux frontières par la Suède depuis l’automne dernier et a appelé à une refonte du règlement de Dublin.
« Notre système d'accueil est au bord de l'effondrement et, en l'absence de solutions européennes, nous sommes forcés de prendre des mesures unilatérales », a regretté Stefan Lofven, Premier ministre suédois. 80 000 réfugiés ont atteint la Suède en deux mois à l’automne dernier. Le pays qui accueille, selon l’OCDE, le nombre le plus élevé de demandeurs d’asile et de réfugiés par habitant a rétabli les contrôles systématiques à sa frontière avec le Danemark depuis novembre dernier.
L’avenir de la mobilité en Europe est en jeu pour le Premier ministre social-démocrate : « Si nous n’agissons pas rapidement il est possible que nous perdions Schengen. Il est temps d’agir pour assurer le contrôle extérieur et redistribuer les réfugiés dans l’Union européenne. Nous devons passer du chaos au contrôle ». Il a poursuivi en soulignant les conséquences néfastes d’un arrêt des accords de Schengen non seulement pour l’économie de l’Union mais « en premier lieu pour tous les humains qui fuient la guerre ».
Stefan Lofven a pointé du doigt le règlement de Dublin qui laisse la responsabilité au pays d’entrée dans l’Union d’examiner les demandes d’asile des réfugiés. Ce pays scandinave, loin de la crise migratoire qui touche la Méditerranée et les Balkans, prend ses responsabilités. Son Premier Ministre a annoncé : "La Suède va travailler à un nouveau système d'asile dans l'Union européenne qui sera basé sur une répartition égale, et dans lequel la demande d'asile est faite dans l’UE - et non pas dans un pays donné. » Pour lui, partager une frontière extérieure et disposer de la libre circulation suppose aussi de partager un système d’accueil des demandeurs d’asile. Il fait écho au plan de répartition des réfugiés selon des quotas proposé en mai 2015 par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, et qui a suscité de vives tensions au sein de l’Union européenne, notamment parmi les Etats membres d'Europe centrale.
La gauche de l’hémicycle a félicité le Premier Ministre pour son appel à une véritable politique migratoire européenne par des applaudissements nourris. En revanche, à l’instar de l’autrichien Georg Mayer (ENL), les députés d'extrême-droite ont répété que les réfugiés constituaient selon eux une menace, notamment pour la sécurité des femmes. Le débat a parfois eu tendance à tourner à la discussion de politique intérieure du fait des nombreuses interventions des eurodéputés suédois, notamment d’opposition. La politique de Stefan Lofven ne fait pas l’unanimité. Pour la souverainiste Kristina Winberg (ELDD) : « C’est à cause de pays comme la Suède que la politique migratoire de l’Union Européenne est devenu un chaos. Votre gouvernement doit contribuer à tarir les flux de migrants ». Mais le Premier Ministre a anticipé les critiques de ses compatriotes dans son discours : « Il ne faut pas accepter le populisme, ni l’extrémisme, même si cela suppose de perdre des votes aux élections ».
Clotilde Brunet