09 mars 2016
Le Parlement européen a adopté mardi 8 mars une nouvelle législation de santé animale, visant notamment à mieux prévenir et lutter contre les maladies transmissibles entre les humains et les animaux. Le texte dote l’Union européenne d’un nouveau cadre juridique, regroupe une soixantaine de règlements en un seul et définit plus clairement les responsabilités des différents acteurs du secteur. Alain Cantaloube est secrétaire général de la Fédération européenne pour la santé animale et la sécurité sanitaire (Fessas) et chargé de mission aux affaires européennes pour le groupement de défense sanitaire en France. Selon lui, les nouvelles mesures proposées vont dans le bon sens pour les éleveurs qu'il représente.
Quel est l’intérêt de la nouvelle loi de santé animale ?
Elle responsabilise tous les acteurs du secteur : éleveurs, détenteurs d’animaux, vétérinaires, laboratoires et le personnel politique des Etats membres. Auparavant, la réglementation était plus floue. Dès que vous définissez les responsabilités, forcément, vous accroissez l’efficacité de la réglementation.
La loi vise à renforcer la surveillance de la faune sauvage, comme les animaux errants ou migrateurs, en détecter les agents pathogènes afin d’éviter toute prolifération de maladies auprès des animaux d’élevage.
La Commission doit proposer des listes et des catégorisations de maladies d’intérêt européen, comme la tuberculose bovine. Un meilleur ciblage pour mieux gérer les dépenses
D’après l’organisation mondiale de la santé animale. Les trois-quarts des maladies transmissibles entre l’homme et l’animal (zoonotique) se sont développées ces 30 dernières années. Existe-t-il enfin une prise de conscience ?
Concernant les acteurs du monde agricole, lutter contre les zoonoses, ça ne date pas d’aujourd’hui. La création de groupements sanitaires en France, par exemple pour lutter contre la tuberculose bovine, date des années 50. En revanche, il y a une prise de conscience récente de la part des responsables politiques.
Pour l’année 2016, l’enveloppe budgétaire du fond de la Commission européenne destinée à la santé animale est de l’ordre de 161 millions d’euros. Une baisse par rapport aux années précédentes…
Il y a une baisse. Il y a dix ans, le budget délivré était de 180 millions d’euros. Mais cette baisse s’explique : c’est la conséquence de progrès sanitaires comme la lutte contre la maladie de la vache folle. Éradiquer cette maladie coutait très cher. Aujourd’hui, elle est derrière nous. En cas de crise sanitaire majeure, la Commission débloquera des fonds supplémentaires.
Il faut garder à l’esprit que ce fond vient en complément des programmes des Etats. Il intervient comme levier pour lutter contre les maladies. La baisse s’explique aussi par les restrictions économiques que subissent les Etats et donc impute sur le budget global.
Le problème réside-t-il dans notre modèle agricole ? Faut-il réformer le modèle européen, intensif, pour limiter les risques de propagation de la maladie ?
Je ne dis pas qu’il faille un élevage intensif, je dis qu’il faut nourrir toute une population. L’Europe, c’est plus de 500 millions d’habitants. Supprimer les élevages intensifs en Europe, c’est laisser les productions d’autres élevages hors d’Europe arriver. L’élevage présent est celui avec lequel il faut travailler. Notre rôle est de permettre le meilleur respect possible des exigences sanitaires.
Jordan MUZYCZKA