13 mars 2014
Le Parlement a approuvé jeudi à la majorité l'affectation de 5,9 milliards d'euros aux affaires intérieures de l'Union pour la période 2014- 2020.
« Le voyage a été long ! » s'est exclamée Cécilia Malmström, commissaire européenne aux affaires intérieures. Les eurodéputés ont clôturé plus de deux ans de travail en votant jeudi quatre résolutions sur la création de deux fonds financier. Entre 2014 et 2020, 3,1 milliards d'euros sont attribués au volet « Asile et migration » et 2,8 milliards d'euros pour la branche « Sécurité intérieure ».
Le réglement « Asile, migration et intégration », défendu par la député française Sylvie Guillaume (S&D), fixe l'allocation des fonds pour la période et les montants minimum que chaque pays de l'UE devrait dépenser pour ces politiques. Sur leur enveloppe, qui représente les 3/4 du fonds, les Etats membres devront consacrer 480 millions au moins à la politique d'asile. Pour les inciter à accueillir les réfugiés d'autres États membres ou de pays tiers, ils recevront en outre 6 000 euros par personne intégrée et jusqu'à 10 000 euros pour les personnes issues de régions en crise, comme la Syrie ou l'Ukraine.
A travers ce dispositif financier, il est surtout question de solidarité. Il s'agit de répondre aux tensions entre États membres que suscite la pression migratoire aux frontières extérieurs de l'Union. C'est ce qu'a souligné le député italien Lorenzo Fontana (S&D), l'un des rapporteurs du projet : « La solidarité est indispensable entre les Etats-membres, en particulier avec les pays méditerranéens qui sont trop souvent seuls, confrontés à des problèmes insurmontables, à des vagues migratoires et à de nombreuses tragédies en mer ». Le 3 octobre dernier, le drame de Lampedusa, où 300 migrants africains avaient trouvé la mort après le naufrage de leur embarcation, a de nouveau confronté l'Union à une pluie de critiques sur la réponse qu'elle apporte aux demandeurs d'asile. L'île italienne étant l'une des principales portes d'entrée de l'Europe, l'Italie avait appelé les autres pays membres à prendre leur part du fardeau.
Mais l'Union insiste sur un point: l'immigration « légale » et l'intégration doivent rester prioritaire. 480 millions au moins devront leur être consacrés.
L'espace Schengen sous surveillance
Le réglement sur le fonds « Sécurité intérieure », met en avant la coopération policière entre les Etats-membres, voire avec des pays tiers, à l'heure où les forces de l'ordre doivent faire face à la montée de la criminalité transnationale (drogue, cybercriminalité, trafic d'armes et d'êtres humains). Un milliard sera alloué aux agences transnationales de police (Europol et Cepol) et à un système informatique de partage des données entre les 28.
Mais au-delà de la criminalité, il est aussi question de lutter contre l'immigration clandestine. Les frontières de l'espace Schengen sont particulièrement concernées, puisque l'UE veut accentuer le contrôle des flux migratoires grâce aux systèmes informatiques du programme EUROSUR.
Marie-Christine Vergiat (GUE/NGL) a déploré mercredi les déséquilibres de ce programme Affaires intérieures : « Les dispositions en faveur du respect des droits fondamentaux semblent bien faibles face au contenu répressif, et même régressif, de ces trois fonds ».
Hélène Perrin