07 février 2013
Les députés ont voté jeudi une résolution sur leurs priorités dans la promotion des droits de l'homme dans le monde. Leurs positions seront relayées par Catherine Ashton lors de la 22e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui démarre dans trois semaines.
Une session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, c'est l'occasion pour une cinquantaine de pays et d'institutions internationales de faire le point sur les droits de l'homme dans le monde. La 22e session aura lieu du 25 février au 22 mars à Genève. A cette occasion, le Parlement européen a voté une résolution jeudi détaillant ses positions à l'intention de la Haute-représentante des affaires étrangères, Catherine Ashton, qui y siègera. En son absence, Lucinda Creighton, pour la présidence irlandaise la représentait.
La Syrie, priorité des priorités
La plus grande priorité, pour tous, est la Syrie. Le Parlement condamne « dans les termes les plus fermes » le recours par le régime de Bachar Al-Assad à l'artillerie lourde, aux bombardements contre les zones habitées et aux exécutions sommaires. Les députés appellent à la démission immédiate du régime et exhortent l'ensemble des parties à assurer un meilleur accès à l'aide humanitaire internationale.
Moratoire sur la peine de mort en Egypte
Le Parlement exprime sa profonde préoccupation sur l'instabilité en Egypte, deux ans après la chute du régime Moubarak, et la réapparition de violences. Il demande un moratoire sur l'application des peines capitales, faisant explicitement référence aux 21 personnes condamnées à mort le 26 janvier dernier pour la catastrophe du stade de football de Port Saïd de l'année passée.
La situation à Bahreïn et dans les Emirats arabes unis retient aussi l'attention des députés européens. Ils réclament la libération de 800 prisonniers politiques au Bahreïn et l'adoption d'une résolution par les Nations Unies sur ce pays. Ils prient aussi les Emirats arabes unis de mettre fin à la répression ayant cours à l'encontre des militants des droits de l'homme et activistes politiques du pays.
La Biélorussie a été évoquée à plusieurs reprises lors du débat. M. Migalski (CRE, Pologne), député membre de la délégation sur les relations UE-Russie, s'est « réjoui que ce pays soit à l'ordre du jour ». La résolution votée par le Parlement demande à ce que « la situation déplorable » du pays « soit reconnue par les pays du monde entier ». Mme Creighton a affirmé à la fin du débat qu'un rapport spécial sera réalisé sur la Biélorussie.
Plusieurs députés ont en outre confié au cours du débat leur inquiétudes à propos de la Russie, sans qu'il n'en soit fait mention dans la résolution adoptée.
Condamnation de toutes les violences entre la bande de Gaza et Israël
Le Parlement regrette qu'Israël ait suspendu sa coopération avec le Conseil des droits de l'homme des Nations unies et se soit soustrait au mécanisme d'examen périodique universel. Son absence de ce programme est « inacceptable » pour les députés. Il condamne par ailleurs tous les actes de violence entre Gaza et Israël de décembre 2012 et fait savoir qu'aucune modification des frontières de 1967, y compris à Jérusalem, ne sera acceptée, à moins d'un accord négocié entre les deux parties.
Les eurodéputés soulignent enfin la nécessité de poursuivre le travail d'observation sur le terrain pour de nombreux pays d'Afrique, en Corée du Nord, au Sri Lanka et même en Birmanie, malgré les progrès récents.
Margaux Velikonia
Des résolutions sur trois cas particuliers au Laos, au Zimbabwe et au Pakistan
Le vote de résolutions sur les droits de l'homme clôture chaque session plénière au Parlement européen. Les députés ont aujourd'hui adopté trois résolutions à propos du Laos, du Pakistan et du Zimbabwe.
Laos
Le 15 décembre 2012, Sombath Somphone est embarqué dans une fourgonnette sur un faubourg de Vientiane, la capitale du Laos. Depuis, on ignore où se trouve cet activiste des droits de l'homme et qui est à l'origine de l'enlèvement. Selon plusieurs députés, la police et les forces de sécurité auraient leur responsabilité dans cette affaire.
Préoccupé par la lenteur et le manque de transparence de l'enquête ouverte par le gouvernement laotien, le Parlement européen rappelle aujourd'hui à travers la résolution votée les obligations du gouvernement en matière de droits de l'homme et de justice et demande le retour immédiat de Sombath Somphone dans sa famille.
Pakistan
Six auxiliaires de santé et un médecin ont été abattus au Nord-Est de la capitale pakistanaise le 1er janvier 2013. En décembre, six femmes participant à une campagne d’éradication de la poliomyélite à Karachi et Peshawar ont également été assassinées. A l’unanimité des 46 députés présents, les parlementaires ont adopté une résolution pour condamner ces meurtres.
Lors des débats, les députés ont rappelé que le Pakistan est l’un des trois derniers pays où la polio existe toujours de façon endémique, tout comme l’Afghanistan et le Nigeria. Depuis l'exécution de Ben Laden, les suspicions d'espionnage pèsent sur les travailleurs humanitaires et entravent leur action. La résolution encourage le gouvernement pakistanais à informer les populations sur les campagnes de vaccination contre la poliomyélite.
Zimbabwe
A l’approche des élections présidentielles en mars, la répression s’intensifie au Zimbabwe, dirigé par Robert Mugabe depuis 33 ans. Okay Michasa, directeur de l’association des droits de l’Homme, a été arrêté le 14 janvier dernier, et accusé de fraudes électorales et de «publications mensongères». Le chef de la coalition «Crise au Zimbabwe» se voit reprocher d’avoir contrefait des copies de certificats d'inscription d'électeurs. Leo Chamahwinya, Dorcas Shereni et Faith Mamutske, militants au sein de ZimRights, sont également détenus par les autorités. Ces arrestations interviennent quelques semaines après que l’association ait dénoncé la montée de la répression policière au Zimbabwe.
Le Parlement européen a condamné ces arrestations d'opposants, alors qu’un référendum constitutionnel est censé se tenir en 2013.
Lucie Debiolles, Hélène Goutany, Margaux Velikonia