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Le réferendum suisse agite le Parlement


26 février 2014

Brandi par l'eurodéputé l'italien Mario Borghezio (Ligue du Nord), le drapeau suisse a brièvement flotté mercredi dans l'hémicycle du Parlement Européen à Strasbourg. L'incident est intervenu durant un débat houleux qui a opposé la majorité des élus à la frange la plus droitière des eurodéputés à propos du référendum suisse de limitation de l'immigration adopté le 9 février.

La décision des autorités helvétiques de refuser d'étendre à la Croatie, nouvel entré dans l'Union, le libre accès au marché du travail suisse dont bénéficient les citoyens européens cristallise les oppositions.Considérée comme une discrimination et une violation des engagements diplomatiques, cette décision a déjà conduit le 17 février à une suspension de la participation suisse aux programmes européens de recherche scientifique "Horizon 2000" et d'échange étudiants "Erasmus".

Le commissaire a exhorté la Suisse à revenir sur son refus concernant la Croatie avant le mois d'avril. Le pays dispose constitutionnellement de 3 ans pour mettre en vigueur la politique de quotas d'immigration prévue par le référendum.

Dimitrios Kourkoulas, représentant de la présidence grecque du Conseil a souligné que cette votation suisse visant à rétablir des quotas d'immigrés allait à l'encontre du principe de liberté de circulation des personnes, une des quatre libertés fondamentales de l'Union. La Suisse avait signé en 2002 un traité avec l'UE garantissant cette libre circulation.

 

Une condamnation politique sans de nouvelles sanctions

Les principaux groupes politiques ont unanimement regretté le résultat du référendum suisse, sans pour autant  qu'un consensus se dégage sur d'éventuelles nouvelles mesures de rétorsion.

"La Suisse nous dit que ses banques aident à l’évasion fiscale, prennent l’argent de tout le monde, mais qu’elle n’acceptent pas nos travailleurs, cela, en tant qu’Union Européenne, nous ne pouvons l’accepter" a dénoncé Hannes Swoboda, président du groupe des sociaux et démocrates.

"A bas la dictature européenne, vive la volontée populaire!" s'est exclamé le député d'extrême droite Mario Borgezhio avant d'être exclu de l'hémicycle.

 

 Le président des verts, Daniel Cohn-Bendit, a estimé dans une virulente allocution que les suisses "reviendraient à genoux vers l'Europe car ils ont besoin d'elle". S'en est suivi un vif échange entre l'élu écologiste et le député Bruno Gollnisch, qualifié avec les autres membres de son parti, le Front National, de "crétins qui ne comprennent rien aux valeurs de l'Europe". Cette sortie a valu au député franco-allemand d'être rappelé à l'ordre par le président de la séance.

450,000 citoyens suisses résident aujourd'hui dans des pays de l'Union, tandis que plus d'un million de ressortissants européens sont établis en Suisse où 250.000 travailleurs transfrontaliers se rendent quotidiennement.

 

Raphaël Boukandoura.

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